C'est d'une oreille attentive que Yabiladi a suivi les déclarations officielles lors du début de la visite du président de la république française, au Maroc, hier. Le roi et François Hollande ont salué rapidement l'existence de la communauté marocaine en France. Bien sûr, à Yabiladi, on a épluché toute la presse, écouté et lu les discours officiels à la recherche du moindre message adressé par François Hollande, hier, mercredi 3 avril, à ce que la France et le Maroc ont en commun de plus vivant : 1 million de Marocains résidant en France. Il y a eu cette phrase : «Ce qui nous rapproche aujourd'hui ce sont nos populations, les Marocains de France, comme les Français du Maroc. Marocains de France si nombreux. Marocains et Français. Français issus de l'immigration. Marocains restant Marocains mais restant attachés à la France. Oui, ces populations qui se rencontrent, se fréquentent, voilà ce qui fait que nous somme liés fraternellement aujourd'hui», a souligné le président de la république française. Le roi Mohammed VI, quelques minutes plus tôt, avait également tenu à «saisir cette opportunité, pour rendre un vibrant hommage à nos ressortissants, respectivement installés en France et au Maroc, qui, par leur implication, leur dynamisme et leur talent créateur contribuent au renforcement et à l'enrichissement de nos rapports.» Tirailleurs mais pas chibanis Ce sera tout. Le président de la république française a surtout insisté sur les tirailleurs marocains engagés dans l'armée française. «L'histoire, c'est aussi celle de la solidarité dans les épreuves. Et je n'oublierai jamais, au nom de la France, les tirailleurs marocains qui sont venus se battre au cours des deux guerres mondiales et qui resteront à jamais gravés dans notre mémoire», a-t-il déclaré. Ils ont toute sa reconnaissance, mais le nouveau gouvernement n'a pris aucune mesure pour rendre automatique la décristallisation des pensions de retraites de ces mêmes «tirailleurs». Les fameux «chibanis», les premiers immigrés marocains à être arrivés en France, participant à la reconstruction après guerre, ont été oubliés. Pourtant, ils font l'objet, actuellement, d'une mission d'information menée par le député Alexis Bachelay, à la demande de Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale. Loin du discours de Martine Aubry En dépit de ces rapides références, l'ensemble de son discours, aux échos presque gaulliens, est resté très éloigné de celui de Martine Aubry, qui était venue à sa place au Maroc, les 8 et 9 mars 2012, pour un meeting de campagne. Elle avait joliment qualifié de «carabistouilles» le débat sur les élus musulmans, et la viande halal à l'école. Surtout, elle avait insisté sur l'importance de faciliter la mobilité entre la France et le Maroc, et de permettre, notamment aux personnes de faire des aller-retours. «Ils [les Marocains en France, ndlr] doivent pouvoir rentrer au Maroc, en sachant qu'ils pourront revenir ensuite en France», a-t-elle insisté, faisant état de ce que les spécialistes de la migration appellent la migration circulaire. Pour soutenir, le droit de vote des étrangers aux élections locales - mais seuls les Français ont le droit de voter la loi, avait-elle précisé - elle a souligné «ce que cette diversité nous apporte comme intelligence complémentaire». Elle a également fait référence à l'importance de partager les «valeurs communes» de la France. Très applaudie, elle avait estimé : «la communauté marocaine à Lille n'est pas intégrée, elle est lilloise.» Aucune mention du droit de vote des étrangers, hier, puisque François Hollande a enterré sa propre réforme.