Martine Aubry, première secrétaire du parti socialiste est en visite au Maroc depuis vendredi, dans le cadre de la campagne électorale de François Hollande pour la présidentielle. Dans un discours aux Français du Maroc, samedi soir, elle a évoqué le Maghreb, la Syrie, les Franco-marocains de France, le halal dans les cantines scolaires ... Après Alain Jupé, ministre des Affaires Etrangères, en visite au Maroc pour le compte de son candidat de président, les 8 et 9 mars, Martine Aubry, première secrétaire du PS fait de même au bénéfice de François Hollande. Arrivée aujourd'hui, samedi 10 mars au Maroc elle a rencontré dans l'après-midi Abdelillah Benkirane, le chef du gouvernement marocain et le roi. Vers 19h30, elle était dans les locaux de la Fédération des œuvres laïques de Casablanca, pour rencontrer les Français du Maroc. Dans son discours, car ce ne fut que cela, elle a abordé de très nombreux aspects différents du programme de François Hollande et de la campagne présidentielle qui se clôturera le 22 avril, avec le 1er tour. Lorsque Martine Aubry a évoqué «l'affreux discours de Grenoble», faisant référence au discours du 30 juillet 2010 de Nicolas Sarkozy, comme elle l'avait fait quelques heures plus tôt devant les militants de l'Union Socialiste des Forces Populaires (USFP, parti socialiste marocain), la salle lui a répondu par un tonnerre d'applaudissement. Ce jour là, Nicolas Sarkozy avait notamment affirmé que «la nationalité française doit pouvoir être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'une personne dépositaire de l'autorité publique.» Débat sur les cantines halal : des "carabistouilles" Répondant à Claude Guéant qui associe le vote des étrangers aux élections locales à la viande halal dans les cantines scolaires, elle a assuré qu'il existe déjà «beaucoup d'élus musulmans» et qu'elle compte à la mairie de Lille, des conseillers municipaux musulmans «qui ne lui ont jamais demandé d'imposer le halal dans les cantines scolaires de la ville.» Avant de qualifier ce genre de débats de «carabistouilles» ; un terme qui ne manquera pas d'aller nourrir les références politico-médiatiques. Les plus forts applaudissements de la soirée ont ponctué l'appel de la première secrétaire du PS à «une France plus forte pour reconnaître un Etat palestinien», avant qu'elle n'insiste sur le droit de l'Etat d'Israël à exister et sur son droit à la sécurité. Abordant le Printemps arabe et l'Union Pour la Méditerranée (UPM), la maire de Lille ne s'est pas privée du plaisir de rappeler que l'UPM, initiée par Nicolas Sarkozy s'était faite avec le soutien de «ses amis» Ben Ali, Moubarak et Kadhafi. Toutefois, elle ne rejette pas l'existence et la légitimité mêmes de l'UPM. Dans une perspective plus européenne, elle souhaite la voir s'élargir ; entendre : s'élargir vers le nord et pourquoi pas vers l'Allemagne. La porte parole d'un soir de François Hollande a aussi regretté, à propos de la situation en Syrie, que l'ONU soit impuissante devant le «massacre d'un peuple» par son gouvernement. Elle a ajouté : «sa Majesté m'a dit tout à l'heure : quand va-t-on agir ?», avant de saluer l'engagement du Maroc contre le régime de Damas. Immigration : Vers plus de mobilité A propos de l'immigration, Mme Aubry a également annoncé en avoir discuté avec le roi. Elle a souligné l'importance de faciliter la mobilité entre la France et le Maroc, et de permettre, notamment aux personnes de faire des allez-retours. «Ils [les Marocains en France, ndlr] doivent pouvoir rentrer au Maroc, en sachant qu'ils pourront revenir ensuite en France», a-t-elle insisté, faisant état de ce que les spécialistes de la migration appellent la migration circulaire. Pour soutenir, le droit de vote des étrangers aux élections locales - mais seuls les Français ont le droit de voter la loi, a-t-elle précisé - elle a souligné « ce que cette diversité nous apporte comme intelligence complémentaire». Elle a également fait référence à l'importance de partager les «valeurs communes» de la France. Très applaudie, elle a estimé : «la communauté marocaine à Lille n'est pas intégrée, elle est lilloise.» Pour contrer l'annonce de Nicolas Sarkozy de réduire l'immigration légale. Elle a estimé que depuis plusieurs années, en dépit des annonces des politiques d'immigrations de Nicolas Sarkozy, «il entre environ 180 000 personnes en France car il existe le droit d'asile et le droit au regroupement familial.» Entre temps Martine Aubry aura abordé : la sécurité sociale des Français de l'étranger et en France, la CMU, l'accès au logement et à la culture, la gratuité du lycée pour les Français dans les lycées français à l'étranger ...