J-2 avant le premier tour des élections présidentielles en France. Ils sont au total 10 candidats à se présenter aux élections. Yabiladi a demandé à trois Marocains, un spécialiste des relations internationales, un économiste et un politologue leur avis sur le programme des candidats qu'ils trouvaient le plus viable. D'après le dernier sondage réalisé par BVA publié aujourd'hui vendredi 20 avril, c'est François Hollande qui arrive en tête des intentions de vote avec 30% des voix, suivi de Nicolas Sarkozy avec 26.5% des voix. Viennent ensuite Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ex-æquo avec 14% des intentions de vote, puis François Bayrou, 10%. Intérêts du Maroc «Si on doit prendre en compte les intérêts du Maroc, c'est Nicolas Sarkozy qui devrait être élu», lance Jawad Kerdoudi, président de l'IMRI, Institut Marocain des Relations Internationales. «Sarkozy connait bien le Maroc et il y vient régulièrement. Et sur la question du Sahara, la France a eu ces dernières années une position beaucoup plus nette au sein de l'ONU grâce à Nicolas Sarkozy. Il représente une certaine continuité de sa politique menée à l'égard du Maroc et on n'aura pas de surprise», poursuit-il. Néanmoins, concernant la candidature de François Hollande, Jawad Kerdoudi craint que ce dernier puisse adopter une position beaucoup plus neutre dans le dossier du Sahara. Cependant, il ajoute que l'atout de poids que possède François Hollande est Martine Aubry venue au Maroc début mars dernier. «Martine Aubry entretient des relations amicales avec Mohamed VI car lorsque le roi était prince héritier, il avait fait un stage auprès du père de Martine, Jacques Delors qui était à cette époque Président de la Commission Européenne. Le roi Mohamed VI avait été reçu à plusieurs reprises dans la maison familiale», ajoute-t-il. Par contre, le point négatif dans le programme de Sarkozy et qui va selon Kerdoudi jouer contre lui, est celui de sa politique controversée menée à l'égard des Musulmans de France et des immigrés ces dernières années. «Ca va lui faire perdre des voix même chez les MRE. Mais Sarkozy a considéré que c'était plus avantageux pour lui de séduire l'électorat FN que d'avoir les voix des Musulmans et des immigrés», ajoute-il. Président bling-bling Du côté de Mehdi Lahlou, l'économiste est favorable au programme de François Hollande, un programme qu'il juge plus cohérent et plus juste socialement. «C'est un programme qui tient compte des conséquences de la crise financière sur les Français. Nicolas Sarkozy a mené ces dernières années une politique qui a été défavorable aux plus pauvres et qui a profité aux plus riches en leur octroyant plusieurs privilèges comme par exemple le bouclier fiscal qui a fait que de grandes fortunes se sont retrouvées exonérées de tout impôt sur la fortune. Le programme d'Hollande tend à apporter plus de justice sociale, à relancer la consommation et à revenir sur tous ces privilèges fiscaux donnés aux plus riches», explique-t-il. Mehdi Lahlou reproche également au président sortant d'avoir mené une vie trop «bling bling», citant l'épisode au restaurant Le Fouquet's ou ses vacances sur le yacht de Vincent Bolloré à Malte. «Cette époque est révolue, il est temps de passer à autre chose», lâche-t-il. Besoin de changement Enfin Mohamed Darif, politologue reste sur ces gardes. Pour lui, les programmes des différents candidats ne restent qu'électoraux. Pour pouvoir vraiment les juger, il faut d'abord qu'ils se concrétisent. Pour lui, sur le plan de la politique étrangère, il n'y a pas réellement de grande différence entre le programme de Sarkozy ou d'Hollande car les deux ont pour mission de protéger les intérêts de la France. «C'est surtout au niveau de la politique intérieure que chaque candidat cherche à prévaloir pour mobiliser les voix. Sarkozy a misé sur la carte de la sécurité et a trop stigmatisé. Les Français ont besoin de changement et c'est cette volonté de changement qui va profiter à Hollande», déclare-t-il. Concernant la question du Sahara, Darif insiste à dire que le dossier est entre les mains de la communauté internationale et que la France n'est pas le seul pays à exprimer son opinion désignant également la Russie ou la Chine qui sont des puissances vers qui le royaume doit se tourner pour les convaincre de sa proposition d'autonomie.