Traditionnellement tourné vers la droite, Rabat a, manifestement, tiré les leçons de la victoire du PS aux présidentielles de 1981. Des socialistes qui, au fil des années, ont nettement changé de discours et d'approches. Egalement, le Maroc, dans une certaine mesure. François Hollande est le nouveau président de la république française. Une consécration qui a mis un terme à dix-sept ans de domination de la droite. Au Maroc, la nouvelle était très attendue par les médias et la classe politique. Ce retour des socialistes au palais de l'Elysée serait-il annonciateur de tensions entre les deux pays ? Un remake du scénario de 1981 est-il envisageable ? L'année qui avait connu la victoire de François Mitterrand contre Giscard d'Estaing, "le copain" de Hassan II. Une élection qui avait donné lieu à des phases de brouilles entre les deux pays alimentées par les révélations de cas de graves violations des droits de l'Homme au Maroc et le courant qui ne passait pas entre Hassan II et Mitterrand. Youssef Amrani rassure Youssef Amrani, le ministre délégué aux Affaires étrangères, se veut rassurant. «Il n'y aura pas de changement. Les relations franco-marocaines transcendent les clivages et les familles politiques. C'est un partenariat stratégique basé sur un dialogue politique serein et efficace. Les propos tenus par Martine Aubry, le premier secrétaire du parti socialiste, au cours de sa visite au Maroc (mars dernier, ndlr), attestent, d'ailleurs, de l'excellence des relations entre Paris et Rabat». Le n°2 de la diplomatie marocaine fait référence aux récentes déclarations de Mme Aubry sur la question du Sahara. Lors d'un point de presse à Rabat, elle affirmait que «le PS a toujours soutenu la proposition marocaine d'autonomie renforcée et estime que le Conseil de sécurité devrait travailler sur cette proposition pour résoudre la question du Sahara». Mieux encore, elle adoptait une position similaire à celle du Maroc sur l'intégration maghrebine : «Il faut avancer, si nous voulons une Union du Maghreb arabe, et nous savons bien que cela ne peut pas se faire sans l'ouverture des frontières entre l'Algérie et le Maroc». Mustapha Merizak, un franco-marocain et ancien membre du PS, se veut très optimiste, estimant que«cette victoire de François Hollande conforte la gauche et les modernistes au Maroc contre les forces obscurantistes». Reste à savoir si la mosaïque des partis de gauche qui pullulent sur l'échiquier politique national sont en phase avec les messages de changement, de justice sociale et de rotation des élites, prônés tambour battant par Hollande lors de la campagne des présidentielles ? Quant à la question du Sahara, cet universitaire, à l'instar de Youssef Amrani, rappelle les propos de Martine Aubry lors de son déplacement officiel au Maroc.