François Hollande devient le nouveau Président de la république française. Avec 52% des suffrages, le socialiste vient de mettre un terme à 17 ans de pouvoir de la droite. Hier, la place de la Bastille à Paris a été envahie par les sympathisans de la gauche venus fêter la victoire de leur candidat. 31 ans après la victoire de François Mitterrand à la présidentielle de 1981, la gauche française prendra une nouvelle fois les rênes de la République. Le candidat socialiste, François Hollande, a largement remporté le scrutin présidentiel, avec près de 52% des suffrages, soit 4 points de plus que le président sortant, Nicolas Sarkozy. Si la défaite du Président sortant n'est pas vraiment une surprise, puisque ce dernier, en quatre mois, n'a jamais pu devancer son rival de gauche dans les sondages, ce n'est que la deuxième fois, durant la cinquième République, qu'un président sortant échoue à se faire réélire. Le dernier ayant été Valéry Giscard d'Estaing. Les Français ont donc majoritairement choisi de tourner la page. Le taux de participation, bien qu'il ait été inférieur à celui de 2007, demeure tout de même élevé ; ils ont été plus de 81% des inscrits à se rendre aux urnes. Raz-de-marée outre-mer Si les résultats officiels n'avaient pas encore été dévoilés à l'heure où nous mettions sous presse, les médias suisses et belges, eux, avait déjà commencé à publier les premières estimations, dès 16h00. Outre-mer, les résultats étaient connus à la mi-journée. Partout, le candidat socialiste arrivait loin devant son rival. A Saint-Pierre et Miquelon, François Hollande remportait 65% des voix, contre 35% pour Sarkozy ; en Martinique, 68,5% contre 31,5% pour Sarkozy. En Guadeloupe, ce fut un raz-de marée de la gauche, ils ont été 72% à plébisciter le candidat socialiste. Mais le record est à mettre à l'actif de la petite île de Saint-Barthélémy, puisque Sarkozy n'y a remporté que 17% des suffrages. En Amérique du Nord, au Canada plus particulièrement, la communauté française a également voté Hollande, à Montréal et à Toronto, François Hollande a respectivement recueilli 57,74% et 51% des suffrages. Réconciliation Hollande-Merkel À peine élu, François Hollande devait, hier soir, s'entretenir au téléphone avec la chancelière allemande Angela Merkel, avait indiqué un des ses proches collaborateurs, Jean-Marc Ayrault. Celui-ci, qui s'exprimait après avoir voté pour le second tour de l'élection, avait souligné qu'en tant que « conseiller spécial» du candidat socialiste, il avait été « très attentif à la question des relations franco-allemandes, parce que ça va compter tout de suite». Ce n'est pas un hasard si François Hollande a décidé de donner la priorité à son voisin allemand. Quelques semaines auparavant, les médias français faisaient état d'un refus de la part de la dirigeante allemande de recevoir le candidat socialiste à la présidentielle. Il s'agirait alors, pour le nouveau président, de faire taire tout malentendu. Et Jean-Marc Ayrault d'ajouter : « Dès ce soir, je pense, si François Hollande est élu président de la République, il échangera avec la chancelière allemande parce qu'il y a là la clé de redressement de l'Europe, de la réorientation de l'Europe dans le sens de la croissance, dans le sens de la compétitivité, de la protection », a déclaré Jean-Marc Ayrault. En attendant les législatives Rappelons que François Hollande avait susciter l'ire des gouvernants européens, pour la majorité de droite, après avoir déclaré son intention de modifier le pacte budgétaire européen, en y ajoutant le terme «croissance». Bien qu'éclatante, la victoire de François Hollande n'en constitue pas moins une fin pour les socialistes. Ils devront attendre les prochaines législatives pour pouvoir constituer une majorité et un gouvernement de gauche. François Hollande l'a déjà annoncé, il ne pratiquera pas «l'ouverture», «le PS regorge de talents», se plaisait-il a déclarer ; contrairement à Nicolas Sarkozy qui, en 2007, avait fait appel à des personnalités de gauche pour former son gouvernement, comme Bernard Kouchner, Fadela Amara, ou encore Eric Besson. Les élections législatives sont prévues pour le 10 et 17 juin prochains. Pour la première fois dans l'histoire des législatives françaises, les Français de l'étranger pourront élire leurs propres représentants. C'est ainsi que 9 circonscriptions de l'étranger ont été mis en place, dont une englobant les pays du Maghreb et d'Afrique de l'Ouest. Le Maroc y tient une place de choix, puisque c'est le pays qui compte le plus d'électeurs. Pour François Hollande, les législatives ne représenteront, a priori, qu'une formalité. La tradition veut que les Français demeurent dans la même logique de vote, entre les présidentielles et les législatives, compte tenu de leur proximité dans le temps.