Treize ans de réclusion criminelle ont été prononcés contre Brahim Chnina, 52 ans, accusé d'avoir orchestré une campagne de dénigrement contre Samuel Paty sur WhatsApp et Facebook, après un mensonge de sa fille concernant un cours sur les caricatures du prophète Mohammed. Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, militant islamiste de longue date, a écopé de quinze ans pour avoir transformé cette polémique en une offensive politique et religieuse agressive sur les réseaux sociaux. Reconnaissant les deux hommes coupables d'association de malfaiteurs terroriste, la cour d'assises spécialement composée de Paris a rendu un verdict nettement plus sévère que les réquisitions initiales, précise le Dauphiné. Les deux responsables de cette «fatwa numérique» ont ainsi contribué à exposer le professeur à des menaces, culminant dans sa décapitation par Abdoullakh Anzorov, le 16 octobre 2020, près du collège du Bois d'Aulne à Conflans-Sainte-Honorine. Lors du verdict, le président de la cour, Franck Zientara, a souligné leur volonté de «donner une publicité la plus large possible» à leur campagne haineuse, tout en ignorant les appels à l'apaisement. Cette attitude a permis de «préparer les conditions d'un passage à l'acte terroriste», a-t-il conclu. Par ailleurs, Naïm Boudaoud, 22 ans, et Azim Epsirkhanov, 23 ans, ont été condamnés à seize ans de réclusion pour complicité. Ces deux proches d'Anzorov, qui l'avaient aidé à se procurer une arme et à se rendre au collège, ont été jugés pleinement conscients de son intention de commettre un acte violent, même s'ils n'avaient pas anticipé une décapitation. Ce verdict, allant au-delà des réquisitions, a été qualifié par les juges de réponse à un crime d'une «barbarie absolue». Enfin, quatre autres accusés, issus de la mouvance djihadiste, ont reçu des peines allant de trois ans avec sursis à deux ans et demi ferme. Dans deux cas, les charges d'association de malfaiteurs terroriste ont été requalifiées en apologie et provocation au terrorisme, mais les peines sont restées supérieures aux réquisitions. Me Francis Szpiner, avocat de Gabriel Paty, le fils de la victime, a salué un «verdict équilibré» et des condamnations à la hauteur de la gravité des faits. Selon lui, ce jugement illustre l'expertise des magistrats spécialisés face à des crimes terroristes d'une telle ampleur.