Huit adultes sont jugés, à partir de ce lundi 4 novembre 2024 à la Cour d'assises spéciale de Paris, dans le cadre du procès pour l'assassinat du professeur d'histoire-géographie Samuel Pary. Les audiences devraient s'étaler sur sept semaines, avec la comparution de sept hommes et d'une femme. Parmi eux, Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui risquent jusqu'à 30 ans de réclusion, pour «association de malfaiteurs terroriste». Depuis ce lundi 4 novembre 2024, sept hommes et une femme comparaissent devant la Cour d'assises spéciale de Paris (France), dans le cadre du procès pour l'assassinat de Samuel Paty. Poignardé et décapité le 16 octobre 2020 près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), le professeur d'histoire-géographie a été visé par Abdoullah Anzorov, un jeune russe tchétchène âgé de 18 ans, neutralisé par les policiers. A la recherche d'une cible un mois avant les faits, l'auteur de l'acte terroriste est entré en contact avec Brahim Chnina, parent de l'élève qui a allégué avoir été sortie par l'enseignant de la salle de cours, avant de s'avérer avoir été absente ce jour-là. Avec le père de famille, le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui est mis en cause dans des faits d'«association de malfaiteurs terroriste», pour avoir mené une campagne contre l'enseignant de 47 ans, peu avant les faits. Encourant 30 ans de réclusion criminelle, les deux hommes ont en effet reproché à la victime d'avoir montré en classe des caricatures du prophète Mohammed, pendant un cours d'éducation civique. Ils ont ainsi été les auteurs de plusieurs vidéos mises en ligne sur les réseaux sociaux et attisant la polémique. Au cœur de la campagne à son encontre, Samuel Paty avait signalé le risque auquel il était exposé, peu avant l'assassinat. Face aux dimensions de la polémique, il avait justement exprimé ses inquiétudes grandissantes. Désormais, la famille du défunt a saisi la justice contre les ministères de l'Intérieur et de l'Education nationale, pour «non-assistance à personne en danger» et «non-empêchement de crime». Séparé du procès en cours, le dossier est entre les mains du juge d'instruction, rapporte Radio France. La «chronique d'une mise à mort» Selon l'accusation, Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui «n'avaient pas connaissance» des projets d'Anzorov. Pour autant, «leurs actions concertées» ont contribué au passage à l'acte. Pour le Parquet national antiterroriste (Pnat), cet engrenage s'apparente à une «chronique d'une mise à mort». Soutenant que son client n'avait pas été en contact direct avec l'assaillant, la défense d'Abdelhakim Sefrioui entend pour sa part plaider l'acquittement. Affaire Samuel Paty : Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui comparaîtront aux assises En avril 2023, les 541 pages de réquisitions de deux magistrates du parquet antiterroriste ont souligné que cet acte résultait d'un «enchaînement de causalités non exclusives les unes des autres». «Bien qu'exécuté par le seul Abdoullakh Anzorov, ce crime est en effet la résultante d'une succession de comportements pénalement incriminables», écrivent-elles. En l'espèce, le Pnat a ordonné que soit retenue l'infraction de complicité d'assassinat terroriste pour deux amis de l'assaillant, ce qui les expose à la perpétuité, dans le cadre du procès en cours. A l'origine de l'accusation contre l'enseignant d'avoir montré les caricatures en question, la fille de Brahim Chnina a comparu l'année dernière devant le tribunal pour enfants, pour dénonciation calomnieuse. La collégienne avait admis ne pas avoir assisté au cours et avoir menti, en affirmant que Samuel Paty aurait demandé aux élèves musulmans de se signaler et de sortir de la classe avant de montrer les images décriées.