Prenant part au Forum d'affaires ZLECAf, qui se tient à Casablanca, le secrétaire général de la Zone de libre-échange continentale africaine, Wamkele Mene, a exposé les clés du renforcement du commerce et de l'exportation en Afrique. A ce titre, il a mis en avant les outils développés dans le cadre de l'accord de la ZLECAf. Secrétaire général de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), Wamkele Mene a pris part au Business Forum consacré à la région, ce mardi à Casablanca. Sous le thème «Commerce Intra-Africain : Perspectives et Opportunités», cet événement initié par ministère marocain de l'Industrie et du commerce, ainsi que par la Confédération marocaine des exportateurs (ASMEX), a vocation en effet à soutenir la coopération Sud-Sud. Les représentants gouvernementaux et économiques venus de divers pays d'Afrique abordent les enjeux d'investissement et de financement, à travers des tables rondes thématiques. C'est dans ce contexte que Wamkele Mene a souligné qu'avant l'entrée en vigueur de l'accord de la ZLECAf, l'Afrique a connu des régimes tarifaires territorialement disparates, ce qui «constituait un obstacle important pour les exportateurs en quête d'accès aux marchés des régions ou des pays» du même continent où ils se trouvaient. Grâce à ce pacte, «nous disposons désormais pour la première fois» d'informations centralisées à l'usage de tout opérateur économique et d'«un tarif unique pour les échanges commerciaux dans les cinq régions du continent africain», a-t-il affirmé. «Un opérateur économique est désormais en mesure d'identifier précisément le tarif qui s'appliquera au produit qu'il exporte, selon le pays ou la région. Ce régime tarifaire est désormais harmonisé dans les 48 Etats membres de la ZLECAF», a indiqué Wamkele Mene, ajoutant qu'un autre outil important reste «le système panafricain de paiement et de règlement», dans un continent avec 42 monnaies différentes. Relever les défis spécifiques à chaque pays pour renforcer la dynamique régionale «Le coût de la convertibilité est estimé à près de 5 milliards de dollars américains par an. Concrètement, cela signifie que nos opérateurs économiques dépensent cette somme totale, pour acheter une troisième monnaie et pouvoir commercer sur le continent», a expliqué Wamkele Mene, évoquant «un obstacle conséquent, notamment pour les petites et moyennes entreprises». Maroc : Le Business Forum ZLECAf voit grand pour les opérateurs commerciaux de l'Afrique «En collaboration avec la ZLECAf, nous avons une Commission de l'Union africaine et nous avons développé le système panafricain de paiement et de règlement, qui a été lancé il y a trois ans à Accra, au Ghana. Et c'est une innovation numérique qui permet de payer en monnaie locale», a rappelé le secrétaire général, soulignant qu'il s'agit ici de la clé à de nombreux défis liés à l'interopérabilité des paiements en devises. Un autre outil mis en place est le Fonds d'ajustement de la ZLECAf, qui a identifié la nécessité de disposer «d'un mécanisme de soutien pour que les pays et le secteur privé puissent profiter activement du marché offert par la Zone, dans l'immédiat». «Nous avons mobilisé environ 1,2 milliard de dollars pour permettre aux parties d'accéder à ce fonds, de manière à garantir leur préparation à l'exportation et profiter des avantages de la ZLECAf. En outre, nous nous sommes engagés à lever jusqu'à 10 milliards de dollars auprès de nos partenaires de développement, du secteur privé africain, des fonds de pension, des fonds de capital-investissement en Afrique, afin de garantir que nous investissons dans notre propre développement industriel en tant que continent.» Wamkele Mene, secrétaire général de la ZLECAf Dans ce sens, Wamkele Mene rappelle que les investisseurs dans le Fonds d'ajustement de la ZLECAf «verront leurs investissements rentabilisés, tout en contribuant financièrement au développement industriel de l'Afrique». Renforcer le financement du commerce pour les petites entreprises Un autre outil, non-finalisé en attendant les résultats des négociations à cet effet, concerne le financement du commerce pour une meilleure inclusion des petites et moyennes entreprises, ainsi que des jeunes entrepreneurs. «Jusqu'à présent, nous avons mobilisé environ 7 milliards de dollars auprès des banques commerciales africaines pour garantir l'accès à un financement commercial abordable, qui permettra à nos petites et moyennes entreprises en général, mais en particulier à notre secteur privé, de développer leurs activités grâce à des investissements et d'atteindre d'autres marchés de la ZLECAf», a affirmé le secrétaire général. Pour lui, «il s'agit d'un début important» dans l'optique d'une mobilisation du financement du secteur privé plus importante, pour le commerce en Afrique. «Nous nous réjouissons et attendons avec impatience un partenariat avec les banques, les banques commerciales au Maroc qui sont en mesure de contribuer à la mobilisation de fonds du secteur privé pour réduire le coût du financement du commerce en Afrique», a-t-il déclaré. Grâce à un partenariat avec les banques africaines, les entreprises individuelles du continent africain sont elles aussi soutenues, à travers la création de ce que la ZLECAf appelle «des sociétés d'agrégation commerciale». L'objectif est ainsi de «consolider les productions des petits producteurs, ce qui permet des économies d'échelle et un meilleur accès au marché», que ce soit dans le secteur de l'agriculture, celui des technologies, de l'industrie manufacturière ou encore des services Dans ce sens, Wamkele Mene a salué un «investissement stratégique des banques africaines et ce partenariat qui souligne l'engagement à renforcer les capacités commerciales» dans le cadre de l'accord de la ZLECAf. A ce propos, il a déclaré encourager les opérateurs du continent à «travailler avec le ministère du Commerce ici au Maroc, pour collaborer avec le secrétariat de la ZLECAf, afin d'identifier les opportunités d'exportation et d'importation dans les 48 Etats membres».