En Espagne, l'opposition politique et syndicale face au transfert du contrôle de l'espace aérien du Sahara au Maroc est passée à l'offensive. Pertes d'emplois de citoyens espagnols et rejet de la souveraineté marocaine de la province, sont ses principaux arguments. En Espagne, l'opposition contre le projet de transfert du contrôle de l'espace aérien sahraoui au Maroc, s'organise. Après les révélations de médias ibériques sur des réunions secrètes entre Rabat et Madrid consacrées à l'examen de ce sujet, la mobilisation est montée d'un cran. Des députés du Parti populaire alertent de la perte de 372 emplois parmi les contrôleurs aériens du Centre de Contrôle de Gando aux Iles Canaries, si l'Espagne céde cette prérogative au Maroc. Un chiffre annoncé suite à une rencontre, tenue jeudi 7 mars, entre les parlementaires du PP et des représentants des aiguilleurs du ciel. Ils ont déploré leur mise à l'écart des négociations entre le Maroc et l'Espagne. «Les syndicalistes n'ont pas obtenu d'informations sur ce sujet auprès du directeur Enaire, l'entreprise publique en charge du contrôle aérien», rapporte un média de l'archipel. Parallèlement à cette mobilisation des députés du PP, le sénateur Victor Armas d'une petite formation qui réclame l'indépendance de l'ilot El Hierro, située géographiquement au sein de l'archipel des Canaries, a adressé des questions au gouvernement portant sur ce projet. Un front commun est en train de se constituer Pour sa part, El Independiente affirme que la cession du contrôle de l'espace aérien sahraoui ne bénéficie pas de l'appui des alliés de Pedro Sanchez au gouvernement et au Parlement. Sous couvert d'anonymat des sources au sein de la coalition d'extrême gauche Sumar ont exprimé leur opposition au projet. «Nous rejetons la souveraineté marocaine sur l'ensemble du territoire du Sahara occidental, ses eaux territoriales et son espace aérien», ont-elles confié. Même son de cloche auprès de Coalition canarienne, un parti qui a voté en faveur de la candidature de Pedro Sanchez à la présidence du gouvernement. Sous le sceau de l'anonymat, la formation de droite a pointé «un transfert qui ne respecte pas le droit international et les résolutions des Nations unies». Néanmoins, les deux instances partisanes n'ont pas conditionné leur appui à Pedro Sanchez à la rupture des discussions sur cette question avec Rabat. «L'Espagne et le Maroc ont convenu d'entamer des négociations sur la coopération dans la gestion de l'espace aérien, sur des questions comme la sécurité du trafic aérien ou les communications. Ces négociations se poursuivent», ont souligné à El independiente des sources au ministère espagnol des Affaires étrangères. Pour mémoire, José Manuel Albares a affirmé, à visage découvert, que le Maroc et l'Espagne sont en train de négocier le contrôle de l'espace aérien du Sahara occidental. «Il y a un point dans la déclaration conjointe (du 7 avril 2022, ndlr) qui est public et qui porte sur l'amélioration de la gestion et c'est ce que nous faisons», a précisé le chef de la diplomatie dans une interview accordée mi-janvier à El Periodico de España. Le point 7 de la Déclaration conjointe maroco-espagnole annonce en effet que des «discussions concernant la gestion des espaces aériens seront engagées» entre les deux pays. La mobilisation contre ce projet n'est pas sans rappeler l'opposition, qui a réuni droite, extrême gauche et indépendantistes catalans et basques, contre le soutien de Pedro Sanchez au plan marocain d'autonomie au Sahara occidental.