Bien avant son décès, Abdeslam Yassine a enregistré sur un document audio son testament aux membres d'Al Adl wal Ihssane. Dans lequel, il invite ses fidèles, notamment, à l'unité de la Jamaâ et à s'acquitter de la Zakat, l'impôt islamique. Quant au successeur du cheikh, il sera élu et non pas désigné. Immédiatement après le décès de Abdeslam Yassine, un enregistrement audio de 36 minutes attribué à l'ancien chef du mouvement Al Adl wal Ihssane circule sur le net. Répartis en deux : la première partie (20 mn) est un texte alors que la seconde est un poème, ponctué de quelques interventions du cheikh expliquant le sens de quelques mots puisés dans le registre de l'arabe très classiques et reconnaissant qu'il n'est pas poète. Unité et acquittement de la Zakat, thèmes phares de son testament L'authenticité de l'œuvre nous a été confiée par Hassan Bennajeh, un proche de Fathallah Arsalane, le porte-parole de la Jamaâ, bien qu'il reconnaît que ce testament du cheikh à ses disciples est ancien. «Il remonte en effet à 2003». Il s'agit d'une série de recommandations destinées aux hommes et aux femmes, membres d'Al Adl wal Ihassane. Dans cet enregistrement, Abdeslam Yassine appelle, à plusieurs reprises, les Adlistes à resserrer les rangs et à l'unité. Une entité, tel que la Jamaâ, basée sur une obéissance totale aux ordres du «guide fondateur», il serait très difficile pour son successeur d'imposer sa ligne de conduite. Ce testament a réservé une place importante aux ressources financières de la Jamaâ. C'est dans ce contexte que le cheikh a invité ses partisans à payer la Zakat et, surtout, à une bonne gestion des sommes collectées de cet impôt islamique. Le successeur élu et non pas désigné «Le nouveau guide d'Al wal Ihssane sera élu et non pas désigné comme cela a été relayé par une certaine presse», tient à préciser Hassan Bennajeh à Yabiladi.com. Le moment de cette grande élection est prévue, selon plusieurs indicateurs, après la commémoration du quarantième jour du décès de Abdeslam Yassine. Mais, l'avenir de la Jamaâ en l'absence de son fondateur ne sera plus le même. On s'achemine vers une séparation du pôle prédication, sous la tutelle du conseil de guidance, de celui du politique sous le contrôle du Cercle politique. Une instance qui fonctionne comme un parti, elle ne lui manque que le feu vert de l'Etat en échange de quelques concessions. Et en attendant cette élection, les têtes d'affiche d'Al Adl wal Ihassane sont obligées de faire montre d'une unité de façade. Maintenant que le cheikh n'est plus, les divergences, autrefois latentes, vont apparaître au grand jour. Dans ce contexte, il n'est pas exclu une confrontation entre les partisans de Nadia Yassine et son mari Mohamed Chibani et les amis de Fathallah Arsalane avec en rôle d'arbitre et de sapeur pompier Mohamed Abbadi, pressenti pour diriger le conseil de guidance.