Le Maroc se retrouve une nouvelle fois pointée du doigt pour sa gestion des dossiers en relation avec les immigrés. Dans son dernier rapport, remis jeudi à l'Union européenne, le Service jésuite des réfugiés dénonce, en effet, des «violations» des droits des migrants au Maroc, mais aussi en Algérie. Au Maroc, comme en Algérie, les droits des migrants ne sont souvent pas respectés. C'est ce qui ressort du dernier rapport de la branche européenne du Service jésuite pour les réfugiés (JRS) sur la question, remis jeudi 6 décembre à l'Union européenne, intitulé «Vies en transitions» (Lives in transition). «L'absence de loi sur l'asile dans ces deux pays laisse trop de migrants de force sans accès au statut de réfugié», explique l'organisation jésuite internationale, fondée en 1980, et qui œuvre depuis pour la défense des droits des réfugiés et personnes déplacées. «Une situation propice à la violation des droits des migrants», estime JRS, rapporte le site du journal La Croix. Rapatriements forcés Selon le rapporte du JRS, qui cite des témoignages d'ONG locales, les descentes de la police marocaine et les rapatriements forcés ont «considérablement augmenté depuis le début de 2012». «Les autorités marocaines sont connues pour déporter souvent des personnes directement à la frontière sans examiner leur situation personnelle», déplore l'organisation catholique. Selon elle, plusieurs immigrés originaires d'Afrique subsaharienne se sont vus expulsés alors qu'ils disposaient bel et bien d'un statut de réfugié ou dans d'autres cas d'un visa tout à fait légal. «De nombreux Africains d'Afrique subsaharienne, avec statut de réfugié, et même certains qui avaient un visa légal, ont été expulsés à la frontière pour très peu d'autres raisons que la couleur de leur peau», dénonce le JRS. Chez le voisin algérien, la situation est tout aussi alarmante. «En Algérie, où un grand nombre de migrants se retrouvent bloqués sans protection, ceux-ci sont souvent obligés de mendier dans les rues et de vivre dans des constructions abandonnées», explique Andrew Galea Debono, chercheur du JRS Europe. Selon le même rapport, cette situation est le fruit des autorités locales qui refusent de délivrer des autorisations de travail à ces migrants, mais aussi celui de la politique européenne en matière d'immigration. «L'UE doit assumer ses responsabilités» «Pendant des années, l'Union européenne a beaucoup compté sur le Maroc pour organiser le retour des migrants et ce, sans assurer l'application d'aucune des procédures visant à identifier les réfugiés ayant besoin d'une protection», martèle Dr Andrew Galea Debono, chercheur à JRS Europe. «Au lieu de simplement passer à d'autres la responsabilité pour la protection des réfugiés et de fermer les yeux, l'UE doit assumer un rôle pilote et assurer que les droits humains constituent un élément non négociable dans ses transactions avec des pays tiers», estime le JRS. Pour le Service jésuite, «il est évident que ni l'Algérie ni le Maroc ne peuvent être considérés comme un lieu sûr pour les migrants ayant besoin de protection». L'organisation demande ainsi aux institutions de l'UE ainsi qu'à ses Etats membres de s'assurer «que l'accès aux procédures pour réfugiés et à la protection des droits humains fondamentaux des migrants aient la priorité dans les accords bilatéraux avec le Maroc et l'Algérie». Les gouvernements marocain et algérien n'ont pas encore riposté aux conclusions du JRS.