Les Jésuites espagnols accusent l'Espagne et le Maroc de collaborer secrètement en matière de contrôle d'accès des réfugiés syriens en Espagne à partir de Melillia. « Tout semble indiquer qu'il y a un accord secret de collaboration entre l'Espagne et le Maroc pour contrôler l'accès à l'Espagne », souligne un rapport des jésuites affirmant que le pays voisin (le Maroc) se transforme ainsi en gendarme strict qui empêche le passage, aussi bien aux subsahariens qu'aux syriens. Et de poursuivre : « Tous ceux qui veulent accéder à Melillia doivent recourir aux réseaux de passeurs et des mafias qui, en échange de l'argent, facilitent le passage ». Ce rapport intitulé « Sans protection à la frontière. Droits humains à la frontière entre Nador et Meillila » a été présenté ce lundi à l'Institut universitaire des études sur les migrations de l'Université de Comillas et du Service jésuite aux migrants. Le document se veut le résultat d'une enquête menée sur le terrain de septembre à décembre 2015 par une équipe de chercheurs de l'Université de Comillas et des pères jésuites qui ont vécu au quotidien avec les syriens et les subsahariens. Le rapport de 48 pages décrit en détail les difficultés auxquelles font face ces migrants depuis leur séjour au Maroc jusqu'à leur accès en Espagne à travers Melillia. Selon le document dont se fait l'écho le quotidien El Mundo, les subsahariens sont obligés de sauter à travers le mur de grillage de six mètres de hauteurs séparant le Maroc du préside occupé de Melillia car ne disposant pas d'argent. Il fait état de la présence à cette époque (septembre-décembre 2015) de la présence de près de 1000 syriens à Nador qui tentent de traverser la frontière. Devant le refus du consulat espagnol à Nador d'examiner leur demande d'asile étant donné que pour ce faire, ils doivent le solliciter dans les deux bureaux situés à la frontière côté espagnol, ces réfugiés sont obligés de s'en remettre aux mafias qui leur accordent deux options : soit le passage à pied, soit en voiture avec de fausses identités espagnoles ou marocaines. Pour en disposer, il faut payer environ 1000 euros pour un adulte et entre 400 et 700 pour un enfant. Ce rapport a été publié à la veille du début de l'accueil par l'Espagne, à partir de mardi, des 586 réfugiés syriens arrivés ces derniers mois en Grèce, en Italie, en Turquie ou au Liban conformément à un accord européen. Le père jésuite Josep Buades, un des participants à cette enquête, dénonce des situations de « violations des droits humains » et s'interroge sur le degré de responsabilité du Gouvernement espagnol qui, a-t-il dit, laisse « la sale besogne » aux autorités marocaines pour empêcher le passage des demandeurs d'asile.