Le groupe d'intérim Adecco est jugé, ce jeudi devant la 31e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris, pour discrimination à l'embauche après des révélations sur le «fichage racial» de 500 intérimaires, entre 1997 et 2001. Les faits peuvent être passibles d'une amende de 1,65 million d'euros pour le groupe. A la barre, deux anciens directeurs sont entendus pour avoir fiché du personnel «en raison de l'origine, de la nationalité ou de l'ethnie». Ils risquent quant à eux sept ans de prison et 330 000 euros d'amende. A l'origine, l'association SOS Racisme a été alertée depuis la fin 2000, à travers un ancien stagiaire de l'agence. Une plainte a été déposée à ce moment-là, avec La Maison des potes. Vice-président de SOS Racisme, dans le temps, Samuel Thomas estime aujourd'hui que «ce procès est déjà une victoire», d'autant qu'à l'époque, «il y a eu un non-lieu» et «quatre ou cinq juges se sont succédé» sur l'examen du dossier. Parmi les 500 fichés qu'il a fallu retrouver depuis, 20 se sont constitué parties civiles. Il se disent choqués. Pour sa part, Adecco rejette tout fichage ethnique, notamment sur la base de la couleur de peau. Elle argue même que «100% des collaborateurs sont sensibilisés et formés à la lutte contre les discriminations». StreetPress, qui a rapporté avoir eu accès aux documents judiciaires, indique que quatorze chargés de recrutement ou de clientèle ont témoigné de leur participation aux faits incriminés. Selon la même source, «le nom d'un gros client revient sans cesse : Disney». «Derrière les décors féériques et la bienveillance de Mickey se cachaient des managers aux demandes racistes», ajoute le média, citant un témoignage selon lequel «le pire c'était avec la société Eurodisney qui ne voulait que des personnes de type européen». Samuel Thomas espère désormais un aboutissement du processus, à travers «une réponse forte pour condamner ces pratiques indignes».