Lever le tabou des mères célibataires et des enfants dits «illégitimes» au Maroc, tel est l'objectif que s'est assigné la productrice et réalisatrice anglaise Déborah Perkin. Touchée par la situation de cette catégorie de la société marocaine, elle a tourné, avec toute une équipe, un documentaire et a actuellement besoin de fonds pour le montage et la distribution du film partout dans le monde. Elle en appelle à la générosité du plus grand nombre. Ce n'est un secret pour personne. Au Maroc, être une mère célibataire ou un enfant «naturel», c'est à dire ne pas être né au sein d'un couple marié, est un encore tabou. Un tabou que Déborah Perkin, productrice et réalisatrice, veut lever grâce à un documentaire qui, selon elle, «aborde les grandes questions sociales à travers de petites histoires humaines ....» Touriste à actrice sociale Tout a commencé lors d'un séjour avec sa mère en terre marocaine. Au cours d'une visite guidée, «nous avons […] constaté que partout où nous allions des femmes voulaient nous parler, prendre des photos avec nous, nous demander ce que nous pensions de leur pays, raconte Mme Perkin. Ce fut une expérience complètement différente de voyager dans les autres pays musulmans que nous avions visités, où les femmes étaient beaucoup moins visibles dans la main-d'œuvre et dans les rues», relève-t-elle. C'est ainsi qu'est né dans le cœur de cette touriste une «passion pour le Maroc et son peuple, qui m'a conduit à tout mettre en œuvre pour réaliser ce documentaire». Après plusieurs recherches à son retour de vacances, Deborah découvre que 6500 bébés sont abandonnés chaque année et que les mères célibataires sont délaissées par la Moudawana, sans parler de leur presque exclusion de la société. Ces femmes font généralement face au rejet de la famille, pourtant parfois enceintes après un viol. La réalisatrice a ensuite fait la connaissance d'Aicha Channa, présidente de l'association Solidarité féminine, qui l'a guidée vers ces femmes pour lesquelles cette dernière lutte depuis plusieurs années. Pour mieux comprendre ces femmes, Déborah et son équipe ont vécu aux côtés de ces mères célibataires, pendant deux mois, dans un bidonville casablancais. Elle a pu également recueillir le témoignage de l'un de ces enfants «illégitimes» devenu grand. Naim, étudiant en droit, exprime la frustration qu'il a ressenti toute sa vie pour ne pas avoir été reconnu par son père. Appel de fonds «Le documentaire a été tourné, et maintenant nous avons besoin de fonds pour le modifier» explique la réalisatrice sur le site de levée de fonds en ligne kickstarter. Elle estime que les donnateurs peuvent ainsi être plus confiants : «si le projet avait été médiatisée avant le tournage, il courait le risque d'être interrompu d'une manière ou d'une autre, vu la sensibilité du sujet», explique-t-elle. Déborah et son équipe ont besoin de réunir la somme de 10 000 euros pour finaliser le projet. A la date du 5 novembre, ils ont déjà atteint 1 631 euros. Le premier montage devrait être prêt en mars 2013, mais la réalisatrice assure que le téléchargement ne pourra être mis à disposition avant le mois de juin. La réalisatrice est confiante quant au succès de ce documentaire et appelle à la générosité du plus grand nombre pour sa concrétisation. Elle a de bonnes raisons d'espérer car la jeune marocaine Hind Bensari qui a lancé un appel d'offre pou la réalisation d'un documentaire inspiré par le drame d'Amina Filali a atteint son objectif. Elle a réuni 4802 dollars, au 3 décembre, soit 2 dollars de plus que ses besoins.