Après la colère officielle du gouvernement espagnol contre les réaffirmations du royaume sur la «marocanité de Ceuta et Melilla», Rabat a tenté de faire baisser la tension, quatre jours après la débâcle des socialistes de Pedro Sanchez aux élections du 28 mai. En riposte aux «déclarations hostiles» visant le Maroc faites par le vice-président de la Commission européenne chargé de la Migration, Margaritis Schinas, Rabat a réaffirmé dans une lettre adressée à la Commission européenne la marocanité de Ceuta et Melilla. Une position qui a provoqué l'ire du gouvernement espagnol. Ce jeudi, cette question s'est invitée au point de presse du porte-parole du gouvernement marocain. «La mise au point était nécessaire, notamment après le dérapage survenu», a souligné Mustapha Baïtas. Le ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement se réfère au propos tenus par le Grec Shinas lors de sa participation à un forum européen sur la sécurité et la défense, organisé mi-mai à Bruxelles. Dans son intervention, le vice-président de la Commission européenne chargé de la Migration, avait accusé le Maroc de recourir aux «menaces hybrides» et d'utiliser les immigrés comme «une arme» de guerre contre l'UE. Rabat évite d'ajouter de l'huile sur le feu Ne voulant pas attiser le feu, le ministre marocain a tenté de rassurer la partie espagnole. «Je réaffirme que le Royaume du Maroc est fier du véritable et très grand partenariat avec son voisin espagnol, qui repose sur la confiance et l'implication commune face à divers défis, qu'ils soient économiques ou sociaux», a précisé Baïtas. «Cette nouvelle page est parrainée par Sa Majesté le Roi et offre de nouvelles possibilités pour les deux pays. Elle est placée sous le titre de la confiance, la coordination conjointe et le respect mutuel», a-t-il martelé. Pour rappel, la Déclaration conjointe, publiée le 2 février à l'issue de la conclusion à Rabat de la 12e Réunion de haut niveau Maroc-Espagne, avait mis l'accent sur «le respect mutuel et la mise en œuvre des engagements et des accords signés par les deux parties, dans lesquels les questions d'intérêt commun sont abordées dans un esprit de confiance, loin des actions unilatérales ou des faits accomplis». Le gouvernement espagnol a contesté officiellement auprès du Maroc la qualification de Ceuta et Melilla comme villes marocaines. Une note à ce sujet a été envoyée par le ministère espagnol des Affaires étrangères à l'ambassade du Maroc à Madrid. Aux élections communales du 28 mai, le PSOE a perdu du terrain à Melilla. Les socialistes ont glané 3 sièges au Parlement local, contre 4 au scrutin de 2019. A Ceuta, le parti de Pedro Sanchez a perdu aussi un siège, passant de 7 à 6 élus. Le Parti Populaire et Vox ont accusé, tout au long de ces dernières années, le PSOE de céder la «souveraineté de l'Espagne sur les deux villes au Maroc». Une tactique qui s'est avérée payante surtout pour le PP, qui revient au pouvoir à Melilla, avec une majorité absolue, après quatre années passées dans l'opposition, et il renforce aussi son assise dans l'autre préside. Quant à Vox, il a surtout amélioré son score à Melilla passant de 2 à 3 sièges mais marque le pas à Ceuta. La question de la «souveraineté espagnole» sur les deux enclaves servira de carte pour le PP et Vox aux prochaines élections législatives du 23 juillet.