L'embargo sur le pétrole russe, instauré par l'Union européenne, a produit une vaste opération de détournement internationale qui bénéficie à certains acteurs comme en Inde et au Maroc. Trois semaines après l'entrée en vigueur, le 5 février, de l'embargo décrété par l'Union européenne sur les produits pétroliers raffinés russes, The wall Street Journal s'est intéressé à une région qui aurait permis à Moscou de détourner les mesures prises par l'UE. «Les pays d'Afrique du Nord s'arrachent les produits pétroliers russes boudés par l'Occident», indique le journal, ajoutant que «la Russie étant coupée du marché mondiale, les pays d'Afrique du nord se sont avancés pour devenir des acheteurs voraces de son diesel et autres produits pétroliers». La source américaine redoute que ces acquisitions massives ne soient une «bouée de sauvetage pour Moscou, fournissant ainsi une nouvelle source de revenus à son économie», notamment après la décision de l'UE. Pour rappel, les Vingt-Sept avaient déjà plafonné le pétrole brut russe à 60 dollars le baril. Soupçons de fraude au Maroc ? WSJ estime que les achats des pays de l'Afrique du nord pénalisent les efforts des Occidentaux pour ne plus dépendre de l'énergie fossile russe. Des médias internationaux ont signalé que les eaux de la Méditerranée occidental servent, en effet, au transfert du pétrole russe vers de gros pétroliers, contournant ainsi l'embargo européen et américain. Des analystes soupçonnent que «certaines cargaisons russes sont réexportées vers l'Europe», soulignent le journal américain Le Maroc est essentiellement concerné par les «inquiétudes» exprimées par WJS. Les livraisons de diesel de la Russie au royaume se sont accélérées pour atteindre 735 000 tonnes en 2022, contre seulement 66 000 tonnes l'année précédente, et elles ont totalisé environ 140 000 tonnes depuis le début de 2023. Au Maroc, les zones d'ombres qui entourent ces achats intéressent aussi l'USFP. En témoigne la question écrite adressée par son député Abdelkader Taher à la ministre de l'Economie et des finances, Nadia Fettah, portant sur de présumées «falsifications de preuves de la provenance des importations de produits pétroliers». Le parlementaire a expliqué que «certaines entreprises qui importent des produits énergétiques fossiles liquides pour répondre aux besoins du marché national ont commencé à introduire le gaz russe car son prix ne dépasse pas 170 dollars la tonne, soit 70% de moins que sur le marché international». Le député affirme que «ces entreprises changent les preuves d'origine du gaz russe, comme s'il venait du Golfe ou d'Amérique, et le vendent au prix international sur le territoire national, réalisant ainsi d'énormes profits». Le parlementaire a conclu sa question écrite en s'interrogeant sur les mesures que le département prévoit de prendre pour contrôler les sources d'importation des carburants et leurs prix.