Après Ahmed Raissouni et Hamid Chabat qui ont revendiqué publiquement la marocanité du Sahara oriental (sud ouest de l'Algérie actuelle), c'est au tour de la directrice des Archives Royales, Bahija Simou de jeter un pavé dans la marre. Le débat sur la marocanité du «Sahara oriental», placé par la France sous contrôle de l'Algérie indépendante en 1962, refait surface grâce à la directrice des Archives Royales, Bahija Simou. «Il n'y a pas que les documents historiques attestant de la souveraineté du Maroc sur ce qui est appelé entre guillemets «le Sahara occidental» mais aussi sur «le Sahara oriental»», a-t-elle précisé, mercredi 22 février, lors de son passage au Forum de la MAP. L'historienne a souligné que les documents officiels, portant sur les liens entre la monarchie et les chioukhs de l'ensemble du Sahara, (Beïâ ou actes d'allégeance, des correspondances, des Dahirs et sur l'évolution des cartes des frontières), «existent en nombre importants dans les Archives Royales. Ils sont d'ailleurs mis à la disposition des chercheurs pour les examiner et les étudier», a-t-elle précisé. Mme Simou a révélé que la direction des Archives Royales s'est procurée des documents sur le Sahara (occidental et oriental) de pays européens. Des propos qui devraient soulever l'ire au voisin de l'Est, d'autant qu'ils portent la signature d'une partie officielle au royaume. Quand la France reconnaissait la marocanité du Sahara oriental Pour rappel, la France avait occupé la région de Tindouf en 1934. Dans un premier temps, la zone fut placée sous la tutelle du commandement français du Maroc, puis ensuite sous l'autorité du gouverneur général de l'Algérie. Cette occupation n'a jamais signifié que la marocanité de la province était remise en question. En témoigne, la lettre adressée en 1960 par le président français Charles Gaulle au roi Mohammed V pour l'informer d'un nouveau essai nucléaire au Sahara oriental. «Les relations amicales que je suis heureux d'entretenir avec Votre Majesté me déterminent à l'informer personnellement de la décision que j'ai prise de faire procéder à partir du 31 mars à une nouvelle expérience nucléaire au Sahara», écrit-il dans sa missive. Auparavant, Mohammed V avait protesté auprès de De Gaulle au lendemain du premier essai dans la même zone. Une souveraineté que le vice-président du gouvernement algérien formé alors par le Front de Libération National (FLN) Ahmed Ben Bella, avait reconnue. «L'explosion de Reggane a eu lieu. Le Maroc a protesté auprès de la France parce que l'explosion a eu lieu sur ses territoires. Ils nous ont demandé de nous associer à leur protestation contre la France», avait-il précisé dans des déclarations à la presse. Ce n'est qu'une fois investi président de la république indépendante (1963-1965) que Ben Bella a révisé sa position réclamant «à la France la fin des essais nucléaires en Algérie». La marocanité du Sahara oriental est défendue par des partis et des leaders politiques, comme Allal El Fassi et Hamid Chabat de l'Istiqlal, ainsi que par des oulémas, à l'instar d'Ahmed Raissouni. Des positions qui n'ont pas dérogé à la règle et qui ont toujours irrité les autorités algériennes.