L'appel d'Ahmed Raissouni au roi Mohammed VI pour lancer le djihad visant à récupérer Tindouf, a permis de dépoussiérer une vielle déclaration télévisée de l'ancien président algérien, Ahmed Ben Bella, datant de 1960, reconnaissant la marocanité du Sahara oriental. Les propos d'Ahmed Raissouni sur la marocanité de Tindouf et le Sahara oriental, sont dans la vontinuité de ceux de Hamid Chabat, Allal El Fassi ou encore le roi Hassan II, chacun à sa manière. L'ancien président algérien, Ahmed Ben Bella (1916-1912), était aussi du même avis. Au lendemain du premier essai nucléaire français, du 13 février 1960, dans la région de Reggane, le roi Mohammed V, qui considère la province comme faisant partie intégrante du royaume, adresse une lettre de protestation au président français, Charles de Gaulle. Une initiative accompagnée par un appel royal lancé à la direction du Front algérien de Libération Nationale (FLN) pour soutenir sa démarche. Un appel qu'Ahmed Ben Bella, alors vice-président du gouvernement algérien, avait reconnu dans une déclaration à la presse. «L'explosion de Reggane a eu lieu. Le Maroc a protesté auprès de la France parce que l'explosion a eu lieu sur ses territoires. Ils nous ont demandé de nous associer à leur protestation contre la France», avait-il précisé. Ce n'est qu'une fois investi président de la république indépendante (1963-1965) que Ben Bella révise sa position et réclame à la France la fin des essais nucléaires en Algérie. Un sujet qu'il aborde, d'ailleurs, en 1963 avec l'ambassadeur de France à Alger, Georges Gorse (1963-1967), et Jean de Broglie, secrétaire d'Etat chargé des Affaires algériennes (1962-1966). Des explosions qui ont continué de retentir au Sahara oriental quatre ans après l'indépendance de l'Algérie, jusqu'en 1966. Hassan II : «Aucune ville, marocaine ou algérienne, ne mérite une guerre» Si l'habit présidentiel a contraint feu Ahmed Ben Bella de changer d'opinion sur ce sujet, sa destitution par son «frère» d'armes, Houari Boumédiène, lors du coup d'Etat du 19 juin 1965, et les années de prison jusqu'à sa libération en 1979, l'ont conduit à revenir à ses positions initiales. Ben Bella était l'une des rares figures historiques du FLN à défendre la marocanité du Sahara. «Nous n'avons pas intérêt au démembrement du Maroc. Il faudrait que les partenaires en discutent. Nous pensons que le Maroc a une profondeur historique réelle. Tous les dirigeants du Maroc sont originaires de la Saguia El Hamra. Tous sans exception ! Les Almoravides, les Almohades, les Saadiens et les Alaouites», déclarait le 16 décembre à Londres à l'occasion d'un point de presse animé avec Houcine Aït Ahmed, l'autre figure de proue de la résistance en Algérie, contraint aussi à l'exil. Quand Hassan II et Ben Bella négociaient la frontière maroco-algérienne Au lendemain de l'indépendance du Maroc, en 1965, l'armée de libération avait mené des attaques sur des positions tenues par l'armée française à Tindouf. Des opérations ayant contraint le gouvernement français d'envoyer sur place Max Lejeune, secrétaire d'Etat aux forces armées, et Henri Laforest, sous-secrétaire d'Etat à l'Air, pour défendre la présence de la France dans la province. Dix ans après la Marche verte et 22 ans après la Guerre des Sables, le roi Hassan II, tout en persistant à revendiquer la marocanité de Tindouf et du Sahara oriental, précisait, dans une interview accordée en 1985 à Jeune Afrique, qu' «aucune ville, marocaine ou algérienne, ne mérite une guerre (…) Non, vraiment, ce n'était pas la peine de creuser la tombe d'une amitié qui paraissait à l'abri de toute contingence» entre les peuples marocain et algérien. La France a occupé Tindouf en 1934, soit plus d'un siècle après son invasion de l'Algérie en 1832.