Suite à l'annonce par des médias marocains et étrangers de la destruction de plusieurs gravures rupestres par des salafistes dans les montagnes du Haut-Atlas, dans le sud du Maroc, le ministère de la Culture a organisé une excursion pour visiter les lieux dimanche 21 octobre. Chercheurs, universitaires, journalistes, fonctionnaires du ministère et membres de la société civile se sont rendus sur place pour s'enquérir de l'état des gravures. Yabiladi était de la partie. La fameuse gravure préhistorique, vieille de 8000 ans est toujours intacte. Elle se situe dans le Haut Atlas, dans la région de Marrakech, à 20 km du Toubkal. Pour parvenir dans la commune de Tighedouine, un chemin tortueux praticable seulement en jeep. Pour accéder au site lui même, toute la délégation a dû continuer sa route à dos de mulet. Les journalistes ont pu prendre de nouvelles images de la pierre et s'assurer de leurs yeux qu'elle était toujours intacte. Des villageois des alentours, curieux, se sont joints à la délégation. Les gravures préhistoriques sur pierre représentant le soleil et vieilles de plus 8000 ans dans la plaine de Yakour près de Marrakech, à 20 km du Toubkal, sommet le plus élevé dans le Royaume, «n'ont subi aucune destruction» selon Nabil Belghazi, chargé de communication du ministère de la Culture. La preuve en image par un voyage sur place pour constater de visu que les déclarations du responsable de la Ligue Amazighe des Droits de l'Homme (LADH), Aboubakr Anghir, «sont dénuées de tout fondement». Découverte L'effervescence et la bonne humeur sont au rendez-vous, dimanche 21 octobre, sur le plateau du Yagour situé à 2 600 m d'altitude, dans la commune de Tighedouine. Les montagnes s'étendent à perte de vue. A dos de mulet et guidée par les habitants de la région, une délégation composée de journalistes, professeurs, anthropologues et de membres de l'association des lauréats de l'Institut national des sciences de l'archéologie et du patrimoine a emprunté la route sinueuse et difficile d'accès qui mène sur les lieux. Sur place, les visiteurs sont rassurés : il n'y a aucune détérioration. «Le seul cas enregistré dans ce sens s'est produit il y a plus de deux mille ans dans un autre site autre que celui mentionné», explique les chercheurs qui ont dressé un historique des principales gravures. Il s'agit de représentations d'armes datant de l'âge du bronze, laissées par les communautés d'alors. Ces ancêtres des Amazighs avaient fui les rigueurs climatiques du Grand Sahara en migrant vers les hautes altitudes. Des conflits à propos de pâturages pourraient expliquer la présence de javelots par exemple sur certaines gravures. Patrimoine intact Les autorités locales et la population qui s'est appropriée ce riche patrimoine historique et culturel surveillent l'ensemble des sites. Ces sites préhistoriques sont en effet très importants pour la population locale et le développement de la région car ils reçoivent beaucoup de touristes et de visiteurs marocains. «Il y a un pic entre mars et septembre. Nous accueillons toutes ces personnes curieuses de découvrir ces gravures rupestres en les guidant et en leur offrant le gîte et le couvert», confie Amgoun Lhoussain Ben Ali, berger âgé de 70 ans. La récente polémique impliquant les gravures préhistoriques du Haut-Atlas aurait des relents politiques, selon des confidences recueillis par Yabiladi. Une procédure de justice pourrait être ouverte dans les prochaines semaines afin de déterminer l'origine de l'affaire.