La France tient à rassurer l'Algérie sur la nouvelle page qui se dessine dans ses relations avec le Maroc. Après la visite de Catherine Colonna à Rabat, Paris envoie Gérald Darmanin à Alger. De son côté, le président Emmanuel Macron a téléphoné, samedi, à son homologue algérien. Alors que la ministre française de l'Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna, poursuivait encore le deuxième volet de ses entretiens avec Nasser Bourita, initiés vendredi matin, Paris annonçait une visite en Algérie du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Un déplacement qui intervient après l'annonce, le vendredi 16 décembre, par la cheffe de la diplomatie de la France de la fin de la crise des visas avec le Maroc. Pour rappel, le ministre marocain des Affaires étrangères a refusé de commenter la nouvelle révélée par Mme. Colonna «par respect à une décision unilatérale et souveraine [de la France]», a expliqué Bourita lors du point de presse animé avec la ministre française. En Algérie et après une entrevue, ce dimanche, avec son homologue algérien Brahim Mérad, Darmanin a été reçu le même jour par le président, Abdelmadjid Tebboune. Au sortir du palais présidentiel, le ministre français de l'Intérieur a indiqué, dans une déclaration lue, que l'Algérie et la France ont décidé «de reprendre une relation consulaire normale, notamment sur la relation sur les visas et l'échange entre nos populations et ce, à la hauteur de la relation amicale extrêmement forte et spécifique» entre les deux pays. Une annonce qui accuse un retard de quelques semaines, sachant que la Première ministre, Elisabeth Borne avait annoncé, le 10 octobre dans une interview, l'imminence de la fin de la crise des visas avec l'Algérie. «Dans les prochaines semaines, certainement. Je n'ai pas de doute que c'est quelque chose qui va pouvoir se régler maintenant rapidement», a-t-elle souligné. Macron téléphone à Tebboune La France avait déjà levé, le 8 septembre, les restrictions de délivrance de visas aux Tunisiens, imposées également depuis septembre 2021 par les autorités françaises aux Marocains et Algériens pour contraindre leurs gouvernements à accepter les opérations de rapatriements de leurs migrants irréguliers qui font l'objet d'ordres de quitter le territoire français. Parallèlement à la visite de Gérald Darmanin au voisin de l'Est, le président français a apporté sa contribution à l'effort de rassurer l'Algérie sur la nouvelle page qui se dessine dans les relations maroco-françaises. Samedi soir, il a téléphoné à son homologue algérien. A cette occasion, les deux chefs d'Etat «ont évoqué les relations bilatérales et les perspectives de coopération entre les deux pays». Les deux présidents ont «échangé, à l'occasion, les points de vue concernant la situation en Libye et dans la région du Sahel, ainsi que sur d'autres questions régionales et internationales d'intérêt commun», précise la présidence algérienne dans un communiqué. Cette conversation du samedi a été précédée, le 3 novembre, d'un appel téléphonique entre le roi Mohammed VI et Emmanuel Macron. L'échange, d'une trentaine de minutes, a servi pour les deux parties de tenter d'aplanir les relations entre Paris et Rabat, alors que ces dernières sont très sérieusement chahutées. Les discussions ont porté aussi sur «les incompréhensions survenues ces derniers mois», avait révélé Africa Intelligence Le mercredi 14 décembre a connu un autre appel téléphonique entre les deux leaders, placé officiellement dans un cadre footballistique. Catherine Colonna et Nasser Bourita ont annoncé, vendredi 16 décembre à Rabat, une visite de Macron au royaume au premier trimestre de 2023, mais dont la date reste encore à définir. Le président français s'est rendu, fin août, en Algérie.