Trois banques marocaines figurent au top 15 des plus grands groupes bancaires africains en 2012. Il s'agit des majors de la finance du royaume: Attijariwafa Bank, Banque Populaire et BMCE Bank. Mais quid de BMCI, de la Société Générale ou encore du Crédit du Maroc ? La réponse ci-après. Malgré la crise, les ambitions des banques marocaines en Afrique ne s'infléchissent pas. C'est ce qui ressort, en substance, du dernier classement émis par Jeune Afrique dans son édition Spécial Finance 2012. Publié jeudi 6 octobre, celui-ci révèle en effet la part belle qu'occupent les banques chérifiennes sur le continent Africain où ces dernières parviennent à grappiller plus de 120 des 1 368 milliards que totalisent, en bilan, les 200 premières banques africaines. Fers de lance de ce mouvement de conquête, les trois majors bancaires nationaux que sont Attijariwafa Bank, Banque Populaire et BMCE Bank consolident leurs positions sur le marché continental. Attijariwa Bank, 7ème place en Afrique Pour commencer, Attijariwa Bank, qui affiche un total bilan à fin 2011 évalué à 40 milliards de dollars, demeure le 7ème groupe bancaire le plus important d'Afrique. La filiale de SNI, qui est aussi le premier groupe bancaire marocain, consacre près du quart de ses fonds propres consolidés à son développement sur le continent, notamment dans l'ouest africain. L'opérateur prévoit d'ailleurs de couvrir 16 à 20 pays subsahariens d'ici l'horizon 2015, rapporte Les Echos Quotidiens ce jeudi. Il faut dire que les filiales subsahariennes ont généré près du quart du PNB du groupe à fin 2011, une contribution que la direction d'Attijariwafa voudrait élever à 1/3 dans un futur proche. Banque Populaire : 20 ans de présence africaine Seconde banque marocaine la mieux classée sur le continent (10ème place), Banque Populaire ne cache pas non plus ses ambitions africaines. Le groupe dirigé par Mohammed Benchaâboun vient d'ailleurs de frapper un grand coup récemment en passant un accord avec l'ivoirien Atlantic Financial Group (AFG). Grâce à cet accord, BCP a acquis 7 banques, à hauteur de 50% de leur capital, qui lui ont permis de se positionner d'un seul coup sur 7 marchés différents (Mali, Niger, Bénin, Togo, Burkina Faso, Sénégal et Côte d'Ivoire). Présente depuis 20 ans sur le continent africain, la banque du cheval n'entend donc pas mettre encore un terme à sa stratégie de conquête du marché continental. Une proactivité qui lui vaut d'ailleurs de gagner une place par rapport au classement de l'an passé, puisqu'elle se hisse à la 10ème place cette année avec un total bilan à fin 2011 de 27,5 milliards de dollars. BMCE Bank présente dans 15 pays Enfin, dernière banque marocaine à faire une apparition dans le top 15 des plus grands groupes bancaires continental, BMCE Bank maintient sa douzième place au classement, avec un total bilan évalué à 24,3 milliards de dollars à fin 2011. A l'instar de BCP, BMCE Bank est présente en Afrique depuis le début des années 90. Une ancienneté qui explique pourquoi, des trois plus grands groupes bancaires marocains, l'entreprise d'Othman Benjelloun est celle qui couvre le plus grand nombre de pays sur le continent avec près de 330 agences présentes dans une quinzaine de pays. Et peu probable que les ambitions du troisième groupe bancaire marocain s'arrêtent là d'ailleurs puisque selon Les Echos, les filiales subsahariennes sont l'un des principaux moteurs de la croissance du groupe avec, entre autres, près de 58 millions de profits nets générés à fin 2011. La prise de contrôle de Bank Of Africa (BOA) en avril 2011 plaide en se sens. Déclassement pour les autres établissements Si les trois majors du secteur bancaire marocain parviennent à tenir la dragée haute aux autres banques africaines, difficile d'en dire autant de la Société Générale Marocaines des Banques (SGMB), de BMCI ou encore du Crédit du Maroc (CDM) qui chutent toutes au classement. Ainsi, SGMB recule de 3 places pour camper la 28ème position avec un total bilan de 9,3 milliards de dollars à fin 2011. BMCI quant à elle recule de 2 places, pour hériter de la 31ème position. CDM enfin «accuse le coup en cédant cinq places au classement des banques africaines» où elle se cantonne, en 2012, à la 47ème place. L'assèchement global des liquidités Pour expliquer le contraste des performances réalisées par les banques marocaines, Jeune Afrique invoque l'assèchement global des liquidités qui résulte d'une part, du ralentissement de l'économie mondiale, et d'autre part, de la baisse des investissements entrants. Il est vrai qu'au cours des trois dernières années, les ratios de liquidité des banques se sont considérablement dégradés au Maroc : à titre indicatif, le ratio de liquidité immédiate (actifs liquides/passifs à court terme) est passé de 23% en 2009 à 16,1% en fin 2011. Sans liquidité, les banques marocaines sont donc devenues encore plus dépendantes des dépôts de la clientèle, qui représentaient encore 70% des ressources du système bancaire marocain à fin 2011. Or, depuis début 2012, ces dépôts bancaires (hors dépôts réglementés et dépôts de garantie) ont eux aussi baissé (-2,7%). Heureusement pour le Maroc, les transferts de devises – de la diaspora marocaine essentiellement – n'ont, pour leur part, pas suivi cette tendance baissière, affichant contre toutes attentes une croissance de 8,94% en 2011. Une tendance qui devrait se poursuivre en 2012 à en juger par les prévisions de l'Office des Changes et permettre ainsi aux banques chérifiennes de renflouer quelque peu leur coffre-fort. En matière de conquête, militaire ou commerciale, l'argent demeure le nerf de la guerre.