Au sommet arabe, la délégation marocaine tente d'arracher, depuis Alger, une condamnation de l'appui militaire de l'Iran au Polisario. L'Algérie, qui est dans l'embarras, tente de protéger le mouvement séparatiste. La réunion à huis-clos, d'hier soir à Alger, des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe n'a pas échappé aux traditionnelles passes d'armes entre le Maroc et l'Algérie. Tout a commencé avec la présentation, par le chef de la diplomatie du royaume, d'un projet de résolution condamnant l'appui militaire de l'Iran, par des drones, aux milices séparatistes, citant particulièrement le Polisario et les Houthies au Yémen. Une proposition qui a fortement embarrassé le ministre algérien des Affaires étrangères. Ramtane Lamamra, qui assure la présidence de la réunion préparatoire du sommet, a tenté dans un premier temps d'ignorer la demande marocaine. Toutefois, face à l'insistance de Nasser Bourita, il a fini par capituler et accepter de l'inscrire à l'ordre du jour. Le texte marocain fera l'objet d'un vote des autres délégations arabes en cas de son adoption et sera soumis à la conférence des chefs d'Etats en vue de son approbation finale pour l'intégrer dans la Déclaration d'Alger ou le rejeter. D'influents pays arabes condamnent l'appui militaire de l'Iran aux milices séparatistes Le projet de résolution présenté par la délégation marocaine bénéficie de l'adhésion de pays influents au sein de l'organisation panarabe. Pour mémoire, lors d'une session du conseil exécutif de la Ligue arabe, tenue le 6 septembre au Caire, le Comité ministériel arabe chargé de mettre la lumière sur l'ingérence iranienne dans les affaires intérieures des pays arabes «a réitéré sa solidarité avec le Royaume du Maroc face à l'ingérence du régime iranien et de son allié le "Hezbollah" dans ses affaires intérieures». «Le régime iranien et son allié le "Hezbollah" procèdent à l'armement et l'entraînement d'éléments séparatistes menaçant l'intégrité territoriale, la sécurité et la stabilité du Royaume du Maroc. Ces pratiques dangereuses et inacceptables s'inscrivent dans la continuité de l'approche déstabilisatrice du régime iranien sur la sécurité et la stabilité régionales», avait-il indiqué. Le tour de table de cette instance relevant de la Ligue arabe est composé de l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Bahreïn, l'Egypte et le secrétaire général de la Ligue arabes. Le Maroc n'y siège pas. La même condamnation avait été prononcée par le même comité, le 9 mars au Caire, à l'occasion d'une réunion des ministres des Affaires étrangères arabes. L'appui militaire de l'Iran au Polisario mobilise, ces dernières années, la diplomatie marocaine. Le royaume est l'un des premiers pays arabe à mettre en garde contre la collusion entre des organisations armées satellites de l'Iran et le Polisario. Pour rappel, le Maroc avait rompu, le 1er mai 2018, ses relations diplomatiques avec l'Iran, arguant que le Hezbollah, financé par Téhéran, apporte son appui militaire au mouvement séparatiste. Depuis, Rabat n'a pas modifié sa politique. Le 3 octobre, Nasser Bourita a dressé un réquisitoire contre l'appui de Téhéran «à des acteurs non étatiques armés, qui représente une menace pour la paix régionale et internationale». Les interventions iraniennes dans les pays arabes «ne se limitent plus au seul territoire yéménite, à travers les milices houthies. Au même titre que le Yémen et Al-Sham (Syrie et Liban, ndlr), le Maroc est frappé par les ingérences iraniennes», a-t-il dénoncé à l'occasion d'un point de presse animé avec son homologue yéménite, Ahmed Bin Mubarak. L'Algérie a environ 48 heures pour assouplir le projet de résolution condamnant l'appui militaire de l'Iran aux milices séparatistes. La diplomatie algérienne tente de retirer du texte marocain toute mention au Polisario.