D'après le Financial Times, Vivendi aurait engagé, dimanche, des discussions avec deux groupes bancaires pour vendre ses parts dans Maroc Télécom. Dans l'obligation de se désendetter, le conglomérat français cherche à se recentrer sur son activité média. Les détails. Divorcera ? Divorcera pas ? Voilà déjà près de six mois que Vivendi souffle le chaud et le froid sur la question du désengagement éventuel de ses actifs dans le capital de Maroc Télécom. Hier, le verdict est enfin tombé : le géant français des télécoms se sépare finalement de l'opérateur téléphonique national. D'après le Financial Times, le groupe aurait engagé des discussions avec Lazard et Crédit agricole pour vendre ses 53% de Maroc Telecom. La valorisation de l'entreprise marocaine avait atteint plus de 4 milliards d'euros sur les marchés financiers la semaine passée, indique le quotidien britannique. Parmi les candidats potentiels au rachat du premier opérateur téléphonique national, ce sont le groupe émirati Etisalat et qatari Q.Tel qui seraient a priori les mieux-disant pour son acquisition. Une étrange décision Selon plusieurs analystes proches du dossier, la cession de Maroc Telecom était pourtant considérée comme un dossier sensible sur les plans économiques et politiques : sur le plan économique d'abord parce que la filiale du conglomérat français pèse lourd et qu'elle détient des participations majoritaires dans des opérateurs régionaux en Mauritanie, au Gabon, au Burkina Faso, et au Mali ; sur le plan politique ensuite du fait de la position géopolitique de premier ordre que joue le Maroc dans le Maghreb ; une position qui assurait une tête de pont continentale à Vivendi et qu'elle risque de perdre avec l'éviction de Maroc Télécom de son portefeuille d'actifs. Bien que les indices allant dans le sens de cette séparation aient été nombreux au cours des derniers mois, il n'en demeure par moins que l'annonce de ce divorce à de quoi surprendre. Certes, les rumeurs allaient bon train depuis que Jean-René Fourtou, président du conseil de surveillance de Vivendi, avait indiqué, il y a six mois, qu'aucune question n'était «taboue» en regard de la cession des actifs internationaux du groupe (Activision, GVT et Maroc Télécom). Cela dit, les analystes avaient essentiellement parié sur la revente d'Activision ou de GVT et non sur celle «des actifs de télécommunications matures (SFR et Maroc Telecom)» du consortium, souligne le site boursier.com. Or aujourd'hui, ce sont précisément ces deux actifs qui sont mis sur la sellette par le groupe français, en plus de GVT. «Il semble à l'heure actuelle qu'aucune piste ne soit négligée» renchérit le site à ce sujet. Soulager le poids de la dette Obligé de se désendetter, Vivendi est en effet contrainte de céder ses actifs pour soulager les 12 milliards d'euros de dette qui plombe ses finances. Si pendant longtemps l'hypothèse d'une scission du holding en deux pôles distincts a été envisagée – un pôle télécommunication d'un côté, un pôle média de l'autre –, il semblerait qu'aujourd'hui, la direction de Vivendi ait finalement choisi d'abandonner définitivement les télécoms pour mieux se recentrer sur l'activité média du groupe. L'annonce de la mise en vente de Maroc Télécom et de la brésilienne GVT, sur laquelle les banques Deutsche Bank et Rothschild ont été mandatées, va dans ce sens. La compagnie marocaine aura donc beau eu se faire belle en coupant ses effectifs ou en pomponnant ses résultats financiers semestriels, elle n'aura hélas pas réussi à empêcher le couperet du divorce de tomber. L'annonce d'hier a finalement sonné le glas de son idylle avec Vivendi, une idylle entamée en 2001. La fin de cette grande saga commerciale est proche.