L'opérateur historique serait-il «Opéable» ? Au début, personne n'y croyait. Surtout pas son président Abdeslam Ahizoun. «Maroc Télécom ne pouvait être Opéable». La question ne se posait même pas. Pourtant, la voie boursière mène à tout, y compris les OPA «inamicales». Aujourd'hui, «Vivendi», fortement endetté, serait, semble-t-il, acculé à vendre Maroc Telecom. L'information est véhiculée par la presse française (Le Figaro et l'Express notamment), en citant le «Financial Times». Difficile à vérifier. Seul le service de communication de Vivendi (basé à Paris) est habilité à infirmer ou confirmer ce genre d'informations. Or, ce même service se contente de répondre qu'il «ne commentait pas les rumeurs de presse». Cette fois-ci, l'information prend une allure sérieuse. Si l'on en croit la presse française, le groupe a engagé des discussions avec Lazard et Crédit agricole pour vendre ses 53% de Maroc Telecom. Cette dernière, selon des milieux financiers, est évaluée à plus de 4 milliards d'euros. «Les noms d'Etisalat et de Qtel ont circulé comme prétendants éventuels, alors que le dossier est sensible politiquement compte tenu de la position du Maroc sur l'échiquier géopolitique au Maghreb», écrit le Figaro. D'autant que Maroc Telecom contrôle plusieurs filiales en Mauritanie, Gabon, Burkina Faso, Mali, etc. Obligé de se désendetter, Vivendi est contraint de céder des actifs. Il semble avoir fait le choix de se séparer des télécoms, pour se concentrer sur les médias, selon la presse. Après avoir lancé en avril une revue stratégique de ses activités, Vivendi a déjà mandaté Deutsche Bank et Rothschild pour trouver des acquéreurs à GVT, opérateur brésilien de téléphonie fixe, certes en plein croissance mais en pleine phase d'investissement. Telecom Italia serait intéressé mais ne pourrait faire face au prix demandé. Des sources industrielles ont même laissé entendre qu'une offre «très préliminaire» aurait été soumise pour SFR, un actif que Vivendi ne semblait pas vouloir céder... Cependant, la vente de la filiale française de télécommunications pourrait être rendue délicate par la chute de sa valorisation depuis l'arrivée de Free Mobile sur le marché, alors que Vivendi avait payé au prix fort sa montée à 100% du capital en rachetant l'année dernière la part détenue par Vodafone. Cela dit, la cession des participations de Vivendi dans Maroc Telecom demeure une option à prendre avec sérieux. L'opérateur historique du royaume, fortement déstabilisé par la concurrence, a vu ses résultats opérationnels se rétrécir, sans pour autant perdre de son leadership sur le marché marocain. Le repli de 2,5% de son chiffre d'affaires à 30,8 milliards DH, n'a pas entamé sa marge d'exploitation qui évolue aux alentours de 38%, avec un résultat net consolidé de près de 12,4 milliards DH. Depuis 2010, les réalisations de Maroc Telecom inscrivent une baisse tendancielle. L'opérateur historique, qui d'habitude affichait une croissance à deux chiffres, commençait à manifester les premiers signes de fatigue avec une progression très limitée de ses principaux agrégats. L'EBITDA (résultat opérationnel avant impôts) passait sous la barre des 17 milliards DH (contre 18,6 milliards en 2010). De même, le RNPG (Résultat net part du groupe) enregistre pour la première fois une baisse sensible, tombant de 9,5 milliards DH en 2010 à tout juste 8,1 milliards DH en 2011, soit une baisse de 14,8%