Le bateau de l'avortement, conduit pas l'ONG Women on waves en association avec le MALI, a accosté hier, jeudi 5 octobre à Sebta. Les autorités marocaines l'ont obligé à quitter le port de Smir, au nord du royaume. Le bateau de l'ONG néerlandaise Women on waves, qui vise à donner l'opportunité aux Marocaines qui veulent avorter de le faire, dans des conditions sécurisées, dans les eaux internationales, a été contraint de quitter le port marocain de Smir, dans le nord du pays, hier. Il a finalement accosté à Sebta, indique Ibtissam Lachgar, membre du Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles MALI et coordinatrice de l'action, vendredi 5 octobre. «Le bateau a été obligé de quitter le port de Smir, hier, même si c'est illégal», annonce Ibtissam Lachgar, membre du MALI et coordinatrice. «Le bateau a été fouillé, et les capitaines ont été informés qu'ils devaient quitter le port […] Il y avait à bord un nombre impressionnant de policiers et de membres des services secrets. Mêmes si les autorités n'ont rien trouvé d'incriminant, le bateau a été escorté par l'armée quand il a quitté le port», raconte l'association Women on waves, sur son site. «Nous pensons que symboliquement c'est important qu'il ait accosté au Maroc, nous allons nous rendre à Sebta pour [que les membres du MALI, ndlr] rencontrer les capitaines du bateau et puis nous déciderons de la suite des évènements», explique Ibtissam Lachgar. Women on waves et le MALI vont à présents se concentrer sur la ligne téléphonique qui permet aux Marocaines qui voudraient avorter de joindre le navire. «Le but est de faire connaître la hot line. Nous avons déjà eu quelques appels, grâce à la médiatisation, mais nous voulons que celles qui n'ont pas accès à internet puisse aussi connaître le numéro», explique Ibtissam. Le but : expliquer les différents moyens d'avorter, voire «rencontrer les femmes directement pour celles qui le souhaitent», détaille Ibtissam Lachgar. Coup de com Toutefois, il est peu probable, à présent, que le navire de l'ONG néerlandaise puisse remplir directement son office. Aucune Marocaine n'a pu monter à bord dans la volonté d'avorter. La médiatisation, le «coup» de communication est, lui, très réussi. Le navire «s'est joué des autorités marocaines», a titré toute la presse nationale et internationale car le navire était déjà à quai quand l'armée marocaine a bloqué le port de Smir. Hier, les membres du MALI sont arrivés dans le port, via la porte arrière d'un hôtel proche. «Nous avons vu le bateau s'avancer dans notre direction, la bannière était déployée, tout le monde était scié, c'était très fort», raconte fièrement Ibtissam Lachgar. Succès médiatique, l'action coup de poing de Women on Waves et de son soutien marocain, le MALI, n'a pas emporté le soutien des associations féministes marocaines ; trop frileuses selon Ibtissam Lachgar. «J'ai beaucoup de respect pour l'ONG Women on waves, mais cette démarche est une provocation qui n'a pas eu d'autre effet que d'irriter tout le monde la population, la société civile, comme les hommes politiques», estime Chafik Charaïbi, président de l'Association Marocaine de Lutte contre l'Avortement Clandestin.