La visite de l'émissaire des Nations unies, Staffan de Mistura, dans les camps de Tindouf a donné l'occasion à l'Algérie et le Polisario de jouer la même partition, en condamnant le soutien de l'Espagne au Maroc. A l'unisson, l'Algérie et le Polisario pointent de nouveau la «partialité» de l'Espagne. Ainsi, la visite de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental dans les camps de Tindouf, qui se poursuit ce dimanche, a donné l'occasion à Alger de rompre avec une vieille tradition, en refusant d'autoriser l'atterrissage sur son territoire d'un avion de l'armée de l'air espagnole qui devrait transporter Staffan de Mistura. «Comme elle a adopté une position partiale» sur la question du Sahara, «l'Espagne a été disqualifiée et ne peut en aucun cas être associée aux efforts de la relance du processus politique. L'envoyé personnel ne peut être redevable envers un pays qui a renié sa position de neutralité traditionnelle sur la question du Sahara occidental» a justifié, sous couvert d'anonymat dans des déclarations à El Confidencial, un haut du cadre du gouvernement algérien. Pour rappel, De Mistura s'est déplacé, lors de sa première tournée dans la région en janvier, à bord d'un avion de l'armée de l'air espagnole. Mais c'était avant que Pedro Sanchez ne s'aligne sur la position marocaine. Cette décision des autorités algériennes s'inscrit dans la continuité des mesures, politiques, diplomatiques et économiques, prises pour contraindre l'actuel chef du gouvernement espagnol de réviser son soutien au plan marocain d'autonomie au Sahara. Même de son de cloche chez le Polisario Cette semaine, la même source algérienne a confié à El Confidencial que Pedro Sanchez est le bienvenu en Algérie à condition de déclarer officiellement que «le Sahara occidental est un territoire non autonome et que l'Espagne respecte l'intégrité territoriale du Maroc à l'intérieur de ses frontières légalement reconnues», sans le Sahara. Pour sa part, le Polisario a joué la même partition, pointant du doigt la «partialité» de Madrid. «En raison de ses positions récemment prises par l'actuel gouvernement espagnol, le royaume d'Espagne est passé d'un acteur qui peut contribuer de manière positive à la résolution du conflit à un acteur qui a créé plus de problèmes pour le processus de décolonisation du Sahara occidental» a estimé, hier, le représentant du Front à New York, Sidi Mohamed Omar, dans des déclarations à la presse. Il est lieu de noter que dans ses propos, le représentant du Front à New York a totalement fait l'impasse sur le rôle de la France, traditionnellement dans la ligne de mire du mouvement séparatiste au même titre que l'Espagne. Pour mémoire, le secrétariat général du Polisario, dans son communiqué du 24 août publié à la veille de la visite d'Emanuel Macron en Algérie, a mis en exergue «le rôle que certaines forces influentes au niveau du Conseil, comme la France, doivent jouer, afin d'établir une paix juste et définitive, qui consacre la légitimité internationale, en permettant au peuple sahraoui d'exercer son droit inaliénable à l'autodétermination». Depuis l'annonce, le 18 mars, de l'appui de Pedro Sanchez à l'initiative marocaine d'autonomie, l'Algérie et le Polisario ne cessent de rappeler «la responsabilité historique de l'Espagne envers le peuple sahraoui.» Le ministre espagnol des Affaires étrangères a réitéré, le 24 août, que sur le dossier du Sahara, son gouvernement reste fidèle à la Déclaration maroco-espagnole, du 7 avril à Rabat. Le texte précise que l'Espagne considère «l'initiative marocaine d'autonomie, présentée en 2007, comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend».