Six chercheurs marocains sont parvenus à déterminer cinq emplacements potentiels d'épaves militaires dans la région d'Al Hoceima. Deux des emplacements confirmés représentent deux navires militaires espagnols ayant coulé pendant la Guerre du Rif. Au Maroc, au moins 8 plages sont célèbres par des épaves de bateaux qui attirent annuellement des centaines de visiteurs et de curieux. Si certains sont plus anciens que d'autres, ils racontent tous une histoire particulière. Ces épaves ne constituent que la partie émergée de l'iceberg, car les baies de certaines villes marocaines semblent regorger de secrets pas encore dévoilés. Alors que les méthodes et technologie de détection de ces épaves évoluent, six chercheurs marocains de l'Université Abdelmalek Essaâdi à Tétouan se sont intéressés à la baie d'Al Hoceima. En effet, de nombreux navires militaires y avaient coulés pendant la guerre du Rif entre l'armée espagnole et celle du Rif. Dans leur étude, publiée cette semaine dans la revue «Ecological Engineering & Environmental Technology», les chercheurs se sont penchés sur la détection et la cartographie des épaves incrustées dans les sédiments du fond marin sur la côte d'Al-Hoceima. Pour ce faire, ils ont fait appel à des images radar à synthèse d'ouverture (SAR) et le logiciel open source SNAP fourni par l'Agence spatiale européenne (ESA). Ils expliquent que la zone d'étude s'est étendue sur environ 60 kilomètres. Les cinq emplacements potentiels selon l'étude. / Ph. ECOEET Des résultats confirmant au moins deux naufrages Le résultat de l'étude ont montré cinq emplacements possibles d'épaves dans cette zone, trois emplacements dans la baie d'Al-Hoceima et deux emplacements sur la côte de Bokoya. Pour confirmer ce résultat, les chercheurs ont fait appel aux données des épaves de l'institut hydrographique espagnol, qui confirment déjà deux de ces emplacements. Le premier est celui abritant les épaves de la frégate Juan De Juanes, localisés dans la baie d'Al-Hoceima près de l'île de Nekor. Construite en 1891 et immatriculée à Valence en 1916, elle faisait partie de la flotte de la compagnie maritime naissante Trasmediterranea. Ce navire, long de 62,5 mètres pour une largeur de 9,5m, avait été visé le 18 mars 1922 par un coup de canon, lors de la Guerre du Rif, rappelle l'étude. Le deuxième emplacement est celui des épaves de la canonnière General Concha, construite en 1883 et qui avait coulé en juin 1913. Il était long de 48,76 mètres pour une largeur de 7,8m. L'étude rappelle également que ces deux naufrages ont été mentionnés par les résistants rifains. Mais le mystère plane sur les trois autres emplacements d'épaves détectés, qui restent encore non identifiés. Les deux navires espagnols (General Concha (d) et Juan De Juanes (g)). / ECOEET «L'utilisation de l'image Sentinel-1 et du logiciel SNAP peut fournir une détection de bonne qualité des épaves, en particulier à faible profondeur. De plus, cette technique ne coûte rien», estiment-ils, bien qu'ils préconisent de «vérifier les résultats par d'autres moyens, avant de plonger pour chercher les épaves». Pour eux, «le résultat obtenu montre que la côte d'Al Hoceima possède un immense site archéologique, composé d'anciennes épaves, avec un large potentiel pour le développement du secteur touristique». Ils précisent que la localisation de l'épave n'est pas précise à 100% car présentant «une dizaine de mètres d'incertitude».