A quelques mois de prendre sa retraite politique, le sénateur républicain James Inhofe, qui préside la Commission de la Défense, oublie les intérêts stratégiques de son pays et propose d'offrir un cadeau au Polisario. Le sénateur James Inhofe se fait, une nouvelle fois, l'avocat du Polisario. Il a saisi l'examen par la Commission de défense au Sénat de la nomination de deux militaires à des postes stratégiques au sein de l'armée des Etats-Unis, pour demander le transfert de la prochaine édition de l'exercice militaire «African Lion», loin du Maroc. Il a justifié sa requête par les supposés «obstacles» dressés par le royaume en vue de parvenir à un règlement du dossier du Sahara occidental. Because Morocco has shown no willingness to resolve the issue of Western Sahara, the U.S. should assess alternative locations to host our annual military exercises there. I'm pleased that our nominees to lead @USAfricaCommand and @USSOCOM agreed to support this assessment. pic.twitter.com/EP7cgyc1nc — Sen. Jim Inhofe (@JimInhofe) July 22, 2022 Lors de son intervention, Inhofe a dit avoir parlé de cette possibilité avec d'autres sénateurs, citant uniquement Mike Rounds, également du Parti républicain. Il a aussi annoncé avoir abordé ce point avec le ministre de la Défense, Lloyd Austin. «Je suis heureux que le secrétaire Austin soit d'accord avec moi sur cette question et je demanderai donc à chacun de vous de répondre si oui ou non vous êtes également d'accord», a-t-il avancé. La manœuvre d'Inhofe subira-t-elle le même sort que les conditions dans la NDAA ? La carte de la suspension de la coopération militaire avec le Maroc, a déjà été jouée par les partisans du Polisario au Parlement des Etats-Unis. Ils ont même réussi à conditionner, dans la Loi sur l'autorisation de la défense nationale (NDAA) pour l'année fiscale 2022, l'octroi d'aides et le financement militaire au Maroc à son engagement à «rechercher une solution politique mutuellement acceptable au Sahara occidental». Trois mois après ce succès, les intérets militaires ont fini par prendre le dessus. A la veille de l'ouverture d'une nouvelle session du Dialogue stratégique avec le royaume, tenue à Rabat les 8 et 9 mars, l'administration Biden a mis sous le boisseau cette condition. «Le secrétaire à la Défense vient de signer une dérogation qui permet au Commandement américain pour l'Afrique de poursuivre sa coopération et sa formation avec le Maroc», a déclaré Bardha Azari, porte-parole du Commandement américain pour l'Afrique, au site Middle East Eye. «Notre partenariat militaire avec le Maroc est solide, et nous sommes convaincus que ce partenariat inébranlable continuera de prospérer dans les années à venir», a-t-elle précisé. L'édition 2022 de l'«African Lion», organisée par les armées du Maroc et des Etats-Unis, s'est déroulée du 6 au 30 juin sans problèmes. James Inhofe est connu pour son activisme en faveur du Polisario au sein du Sénat des Etats-Unis. En février 2021, il avait convaincu 26 sénateurs, soit plus du quart des membres la Chambre basse, à demander au président Joe Biden d'annuler le décret du 10 décembre 2020 signé par son prédécesseur à la Maison blanche, reconnaissant la marocanité du Sahara. En avril de la même année, il persuade 9 sénateurs, républicains et démocrates, d'apposer leurs signatures à une lettre adressée à Antony Blinken, sollicitant son appui pour défendre «le droit du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination, plaider pour la libération des prisonniers politiques et protéger la liberté d'expression pour chaque Marocain et Sahraoui». James Inhofe, 87 ans, a déjà annoncé qu'il ne se présentera pas aux élections prévues en novembre prochain. La nouvelle sortie d'Inhofe intervient, deux semaines, après que Christopher Ross ait demandé au Conseil de sécurité, dans un long article, de faire pression sur le Maroc sur le dossier du Sahara.