Mis en examen en France pour «viol sur mineur», «traite d'êtres humains» et «détention d'images pédopornographiques», Jacques Bouthier avait pour habitude de se rendre à Tanger où se trouvait des locaux de sa société Assu2000. Cette ville aurait joué un rôle central dans le système de l'homme d'affaires, actuellement incarcéré à Fresnes, alors que les témoignages se multiplient sur l'implication d'employés dans ce système criminel. Plusieurs ex-salariées de l'entreprise ont témoigné à BFM, relayant notamment des recrutements de jeunes femmes «en fonction des goûts du patron». Une jeune femme a indiqué, sous couvert d'anonymat au médiat français, avoir été licenciée en 2021 «après avoir refusé les avances de Jacques Bouthier». Selon elle, plusieurs cadres de la société étaient impliqués dans ces affaires, jouant le rôle de «rabatteurs» pour leur patron. «C'était une mafia», assure-t-elle. France : Une Marocaine citée dans le scandale sexuel du PDG d'Assu2000 La jeune femme raconte sa première rencontre avec Jacques Bouthier à Tanger, qu'elle aurait repoussé alors qu'il lui touchait l'épaule. «Là, ma responsable d'équipe me pince la jambe», indique-t-elle, et «juste après son départ, elle me prend à part dans un bureau et me dit "tu te prends pour qui?"». Selon elle, le patron insistant lui aurait même dit qu'«au consulat de France, il y a des "petites cachettes"». Après avoir refusé plusieurs avances de Jacques Bouthier, ce dernier lui aurait envoyé le message «espèce de salope (sic), tu vas dégager» juste avant son licenciement. Pire encore, les cadres à Tanger auraient contacté sa mère pour lui que «ta fille, c'est une pute» (sic). La jeune femme, qui affirme avoir été menacée de représailles si elle dévoilait le contenu des échanges, a finalement déposé plainte en France pour harcèlement sexuel et moral. Une autre salariée d'Assu2000 à Tanger, qui dit ne pas avoir été victime d'agressions, raconte cependant à BFM avoir recueilli une dizaine de plaintes de ses collègues visant son patron. Elle révèle que plusieurs employées se plaignaient d'attouchements de la part du patron. Lorsqu'elle a remonté le problème à sa hiérarchie, ils auraient minimisé le problème. Elle a alors commencé à demander aux jeunes filles d'éviter le patron lorsqu'il était dans les locaux, se souvient-elle. Jacques Bouthier «choisissait ses victimes. Il visait principalement le service standard parce que c'est là que se trouvent les filles les plus jeunes, de 19 à 27 ans. Et les moins diplômées. Celles qui peuvent le moins dire non», commente-t-elle. Aussi, le grand patron «faisait comprendre qu'il avait de l'argent et pouvait s'acheter ce qu'il voulait, y compris la police», dit-elle.