Dans un récit choquant, trois propriétaires de fermes à Huelva livrent des informations sur la façon dont les cueilleuses marocaines de fraises sont traitées dans les champs espagnols. Ces Marocaines seraient qualifiées de «putes» (sic) par leurs patrons, ont rapporté les trois hommes au journal El Espanol. Les révélations sur les conditions de travail des cueilleuses marocaines de fraises dans les champs espagnols continuent de se distiller au compte-goutte. Ce jeudi, le journal El Español publie le témoignage de trois propriétaires de fermes à Huelva qui confirment les faits relayés par les médias au cours des trois dernières semaines. Selon ces trois propriétaires, tout le monde serait au courant de ce qui arrive aux saisonnières marocaines dans les champs. Les trois hommes ayant requis l'anonymat, ont donné un aperçu détaillé de la manière dont les gérants et les patrons de fermes espagnoles regardent les saisonnières marocaines. Ils précisent avoir décidé de prendre la parole parce qu'ils «se sentaient injustement pris pour cible par ce que les autres (patrons de fermes, ndlr) font dans les champs», se référant ainsi aux propriétaires de fermes qui abuseraient des femmes travaillant dans leurs entreprises. El Español raconte tout d'abord comment son journaliste a eu l'idée d'enquêter sur cette question précise. Alors qu'ils se trouvaient à côté d'une ferme de fraises à Huelva, au lendemain des informations révélées par les enquêtes médiatiques sur les éventuelles agressions sexuelles visant des saisonnières, le journaliste Andros Lozano et le photographe Marcos Moreno ont rencontré un co-propriétaire d'une ferme de fraises criant devant eux que la question serait «simple». «Cette année, on nous a amené des putes d'Agadir et de Tanger» (sic), aurait-il lancé avant de préciser qu'«elles viennent tout en sachant ce qu'elles veulent et profitent de la situation». Huelva Gate : Quatre plaintes ont été déposées pour agressions sexuelles présumées «Elles savent pourquoi elles sont là !» Commentant ces propos choquants, l'un des trois hommes d'affaires qui possède une ferme à Lepe, une ville de la province de Huelva, a déclaré à El Espanol que les saisonnières, lorsqu'«elles n'acceptent pas les conditions de travail, généralement similaires et proches de l'exploitation, et disent non aux agressions sexuelles de leurs patrons», sont qualifiées «de putes (sic)». «C'est injuste», insiste-t-il, en précisant qu'en ce qui le concerne, il «traite les femmes et le reste de [ses] employés avec respect». Pour un autre propriétaire de ferme à Moguer, de nombreux patrons de la province de Huelva ont été effrayés après l'éclatement du scandale lié aux cueilleuses marocaines de fraises. «Nous ne savons pas pourquoi, mais les femmes ont fait un pas en avant et ont commencé à dénoncer les abus», a-t-il expliqué. De plus, l'homme âgé de 45 ans raconte au journal espagnol que pendant qu'il prenait une tasse de café un jour, un autre propriétaire de ferme à Huelva lui a dit que «cette année, les putes marocaines (sic) sont arrivées en sachant très bien ce qui les attendait». «Vous les touchez et elles vous dénoncent pour obtenir quelque chose, peut-être rester en Espagne», a déclaré le fermier de Moguer citant son confrère. «Je ne lui ai pas répondu parce que c'est à cause de ces gens que l'image du secteur est ternie», ajoute-t-il. Huelva Gate : Réaction précipitée du ministère du Travail suite aux accusations d'agressions sexuelles de Marocaines en Espagne Profiter de la vulnérabilité des saisonnières Le troisième homme, originaire de Cartaya, a aussi quelque chose à dire sur les femmes marocaines travaillant dans les champs et sur la façon dont elles sont traitées par leurs patrons. Contacté par El Espanol, il déclare que l'expression «les putes d'Agadir» (sic) a été fréquemment répandue à Huelva au cours des deux dernières semaines. «Regardez ! Ici, on sait que certaines personnes organisent des orgies (sic) auxquelles assistent les femmes qui travaillent pour eux. Certains d'entre elles sont payées, mais d'autres sont obligées de le faire pour ne pas perdre leur emploi et être en mesure de retourner l'année prochaine aux champs.» Le propriétaire d'une ferme à Cartaya Ce propriétaire de ferme à Cartaya ajoute que les autres patrons «profitent du fait que la plupart d'entre elles (les saisonnières marocaines, ndlr) ont des enfants, sont divorcées ou veuves». Pour l'heure, plusieurs Marocaines ont dénoncé aux autorités espagnoles les abus qu'elles subissent de la part de leurs patrons. Une autre plainte collective a été déposée par des centaines de femmes travaillant dans une ferme située dans la province avec l'aide du Syndicat des travailleurs d'Andalousie (SAT) pour conditions de travail déplorables. Jusqu'à présent, une seule personne a été arrêtée dans le cadre de cette affaire. Un ressortissant espagnol d'origine marocaine âgé de 47 ans et qui a été libéré plus tard, dans l'attente de son procès.