Après chaque vague du Covid-19, les espoirs et les débats sur la fin de la pandémie renaissent, inexorablement rattrapés par l'émergence d'un nouveau variant et d'une nouvelle vague. Au lendemain de la vague Omicron, le Maroc et ses autorités sanitaires ont affiché leur optimisme quant à la situation sanitaire, sans pour autant crier victoire, en rappelant que la fin de la pandémie n'était pas encore là. Alors, pourquoi le Maroc affiche-t-il cet «optimisme prudent», et a-t-il raison de tenir ce discours ? Mardi 1er mars 2022, le ministère de la Santé et de la protection sociale a annoncé, après 11 semaines, la fin de la vague Omicron au Maroc. Cependant, le lendemain, le même ministère a tenu à rappeler que «la fin de la vague d'Omicron n'est pas synonyme de fin de la pandémie». Si la situation épidémiologique au royaume est optimiste, les efforts ne doivent pas être relâchés et l'ensemble des mesures sanitaires mises en place doivent toujours être suivies. En ce sens, le ministère insiste sur l'importance de la vaccination, de l'administration à temps de la dose de rappel et de l'observation des mesures préventives, dont le port du masque et le respect des gestes barrières. Si la prudence est de mise, avec un risque toujours présent de l'émergence d'un nouveau variant qui provoquerait une nouvelle vague d'infection, d'hospitalisations et de morts, les autorités, s'en tenant aux indicateurs épidémiologiques, affichent un certain optimisme quant à la situation sanitaire au Maroc et sur les prévisions de son évolution. L'Afrique du Sud après Omicron, ou pourquoi l'optimisme est de mise Si les autorités marocaines font preuves aujourd'hui de cet optimisme prudent, ce n'est pas sur la seule lecture de la situation au Maroc, mais également sur les données remontant d'Afrique du Sud, premier pays à avoir détecté Omicron. En effet, si le pays a été officiellement le plus touché d'Afrique, avec près de 100 000 morts depuis le début de l'épidémie, il a annoncé mardi qu'aucun mort n'était à déplorer en 48h, une première depuis 2020. Bien que le nombre de morts soit vraisemblablement sous-estimé par trois, selon Shabir Madhi, spécialiste des vaccins à l'Université de Witwatersrand, les hôpitaux du pays n'ont «quasiment plus de cas Covid», rapporte Science et Avenir. Derrière le lourd bilan d'infection, la vague Omicron ne s'est pas traduite par un lourd bilan de mortalité, notamment grâce à la vaccination et aux infections antérieures qui ont permis «à une grande partie de la population de développer une protection contre les formes graves de la maladie». En effet, sur le bilan des hospitalisations et des morts réalisé par Business Tech, la vague Omicron n'a représenté que 3% des morts liés au Covid-19 en Afrique du Sud, contre 50% lors de la vague Delta. Pour les hospitalisations, elles n'étaient que de 10% pour la vague Omicron, contre 44% des hospitalisations depuis le début de l'épidémie sous la seule vague Delta. Alors, la vie avec ce variant Omicron en sortie de vague pourrait entrainer, tant qu'il reste maitrisé, un nombre de morts plus faible, ou du moins équivalent à ceux constatés entre deux vagues de Delta, compte tenu de sa propagation plus rapide. Pour rappel, le Maroc a connu, mercredi, 159 nouvelles infections et 8 décès, avec une nette tendance en baisse sur les dernières semaines. Pourquoi le Maroc reste prudent ? Malgré ces données encourageantes sur la fin de la vague Omicron dans plusieurs pays, comme le Botswana, le Mozambique, ou avec une baisse significative des infections, sans pour autant sonner la fin de la vague, comme en France ou aux Etats-Unis, de nombreux experts insistent sur le besoin de prudence face au virus. En ce sens, la professeure Christina Pagel de l'University College London souligne qu'un variant ou sous-variant remplace l'autre, et comme Omicron a remplacé Delta dans les infections, un nouveau variant émergent serait vraisemblablement plus virulent qu'Omicron qu'il remplacerait. Selon elle, Omicron n'était, par ailleurs, moins dangereux que «par chance». THREAD on all the reasons why I think Omicron does *not* signal the end of the pandemic TLDR: vaccines & mitigations can hasten its end but we're not done yet & Omicron is just another milepost on the road. So here goes: Omicron is the 4th major variant to dominate here 1/10 pic.twitter.com/AVZhi2Gb5S — Prof. Christina Pagel ?? (@chrischirp) March 2, 2022 Aussi, si les vaccins et boosters offrent une bonne protection, les tendances montrent que les variants comme Omicron, s'éloignant de la souche de base, sont plus résistants. En Israël notamment, les études ont démontré qu'une 4e dose n'était pas suffisamment efficace contre les infections à Omicron, estimant que la protection n'était «pas optimale», sans pour autant être nulle. Cependant, le développement de nouveaux vaccins spécifiques à Omicron pourrait venir apporter un second souffle à la protection face au virus. Malgré tout, Pr. Pagel rappelle que la prudence reste de mise et qu'après chaque vague, l'espoir de fin de pandémie se présentait, sans jamais se confirmer. En effet, personne ne peut prédire l'évolution du virus et comment un nouveau variant, s'il surgit, réagirait face aux vaccins et comment les personnes infectées seraient impactées. Ce risque est d'autant plus grand que le passage de l'homme à l'animal échappe aux contrôles, et que l'infection inverse reste possible, avec des mutations survenues entre temps. La situation au Maroc reste encourageante, avec une baisse substantielle des infections et des morts, et un retour à une certaine stabilité se présage, mais la circulation du virus et l'impossibilité de prédire ses mutations justifie la prudence des autorités sanitaires marocaines. S'il est difficile de prédire quand viendra la fin de cette pandémie, il est certain que la vaccination et le respect des mesures sanitaires accélèreront son échéance, représentant à ce jour les meilleures armes pour combattre le virus et nous protéger des hospitalisations et des morts. D'autres outils s'ajoutent d'ailleurs progressivement à l'arsenal pour lutter contre le virus et ses effets, avec le développement et la mise en circulation de nouveaux traitements et médicaments, comme le Paxlovid de Pfizer qui réduirait les risques d'hospitalisation et de décès de 89% lorsque administré 3 jours après la détection de l'infection. Bilan Coronavirus dans le monde 438 518 685 Contaminations 5 964 630 Décès 373 356 762 Guérisons 63.1% de la population mondiale vaccinée