Le variant Omicron représente actuellement plus de 70% des cas positifs au Covid-19, dépassant ainsi le variant Delta qui a prédominé lors des derniers mois, selon le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Khalid Ait Taleb. Inquiétant par sa contagiosité et ses nombreuses mutations, Omicron semble moins virulent que le variant Delta. Au final, son hégémonie pourrait ouvrir la voie à la fin de la pandémie. Depuis son apparition en Afrique du Sud, Omicron est au-devant de l'actualité. Ses nombreuses mutations ont très rapidement inquiété la communauté scientifique. Ce nouveau variant allait-il résister au vaccin ? Etait-il plus virulent ? Plus contagieux ? Pour le moment les réponses semblent plutôt rassurantes. Omicron s'avère moins virulent que ce que l'on aurait pu craindre. Il est pour l'heure impossible de l'affirmer avec une absolue certitude, mais les premiers éléments invitent à un optimisme mesuré. L'Afrique du Sud est évidemment le pays qui pour l'instant bénéficie du meilleur recul sur le sujet, ses données sont donc précieuses. Là-bas, avec Omicron, les chiffres de contaminations au Covid-19 ont connu des records. Avec plus de 23 000 cas par jour en moyenne mi-décembre, le pays a connu avec Omicron son record de contaminations quotidiennes. Le précédent datait de début juillet avec près de 20 000 cas journaliers. Pourtant, les chiffres des décès, eux, n'ont pas suivi cette tendance. Lors de la vague épidémique de juillet, l'Afrique du Sud déplorait jusqu'à 420 décès par jour. En décembre, la barre n'est montée « qu'à » 67 en moyenne. La vaccination a forcément aidé, puisqu'en juillet, personne (ou presque) n'était protégé dans le pays. Aujourd'hui, 26,6% de la population a reçu deux doses de vaccin. Une arme pour lutter contre les formes graves, et donc les décès, mais 26%, cela reste très peu. On peut donc dire, tout en restant prudent, que le variant Omicron a été moins virulent en Afrique du Sud. Il a certes été plus contagieux, puisque le nombre de cas a augmenté, mais sans entraîner de vague de décès. Au Maroc, le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Khalid Ait Taleb, a indiqué jeudi 6 janvier que le variant Omicron a « envahi » le Royaume et qu'il est désormais majoritaire au Maroc sur la totalité des cas positifs confirmés. Le variant Omicron représente actuellement plus de 70% des cas positifs au Covid-19, dépassant ainsi le variant Delta qui a prédominé lors des derniers mois, a-t- fait savoir, dans un entretien diffusé sur Médi1 TV. Lire aussi | Le Maroc s'apprête à acquérir deux avions de patrouille maritime MPA Ce scénario était attendu, Omicron étant plus contagieux que Delta. A l'image de ce qu'a connu l'Afrique du Sud, les chiffres de contamination augmentent de jour en jour. Ce samedi, 7064 nouveaux cas d'infection au virus ont été enregistrés au Royaume. Le nombre de cas actifs s'élève ainsi à 31.808 parmi lesquels 261 sont admis dans les unités de réanimation et de soins intensifs, dont 54 nouveaux cas de 24 heures. Le dernier plus gros pic remontait au 5 août 2021, date à laquelle le Maroc avait enregistré le nombre de cas le plus élevé depuis le début de la pandémie : 12.309 nouveaux cas. Ce jour-là, la Covid a tué 72 personnes. Actuellement, le nombre de décès (8 hier samedi 8 janvier) reste heureusement en deçà de ce nombre. Beaucoup de contaminations, mais moins de décès : la situation au Maroc tend à confirmer le scénario sud-africain. Dans une publication sur le réseau social Linkedin, le Dr Mouad Merabet, coordinateur du Centre national des opérations d'urgence de santé publique au ministère de la santé et de la protection sociale, avait procédé à une analyse de la situation épidémiologique de l'infection au SARS-CoV-2 à la date du 26 décembre. Ce spécialiste fait savoir : «Selon notre approche en épidémiologie du terrain basée sur les expériences et les observations du terrain, la vague actuelle sera probablement plus rapide et plus courte que la vague Delta avec une durée probable de 11 semaines et un pic probablement durant la semaine du 17 au 23 janvier 2022 ou une semaine avant ou après, difficile à prédire, tout dépendra du degré d'adhésion de la population aux mesures préventives et des mesures qui seront mises en place par le gouvernement». L'impact de la vaccination sur cette décorrélation entre le nombre de cas et celui des décès, est sans doute plus fort au Maroc qu'en Afrique du Sud. Dans le Royaume, le nombre de primo-vaccinés a atteint 24.589.085, celui des personnes ayant reçu deux doses s'élève à 22.971.099, alors que 3.406.166 personnes ont eu trois injections. Lire aussi | Un ferry spécial pour le retour des Français, citoyens européens et résidents permanents en France Cela semble répondre à l'une des questions posées à l'arrivée du variant Omicron : est-il résistant au vaccin ? Sans que les pourcentages soient clairement établis pour le moment, un schéma vaccinal complet protégerait à 90% d'une hospitalisation après une contamination à Omicron, le ministre britannique de la Santé, Sajid Javid, lors d'une visite vendredi 8 janvier au King's College Hospital de Londres ou encore d'après les données de l'Institut Pasteur publiées le 27 décembre. Mieux, ce chiffre monte à 95% avec une dose de rappel. De plus, une vaccination de moins de six mois éviterait 85% des contaminations au variant Omicron. Pour Delta, on est à 95%. Selon une étude préliminaire réalisée en Afrique du Sud et publiée le 28 décembre, le variant Omicron pourrait même agir comme protection contre le variant Delta. Là encore, il s'agit d'une étude incomplète, qui doit encore être validée, mais ses résultats sont encourageants. La logique serait celle du scénario du « moins pire » : si Omicron éradique Delta, beaucoup plus de personnes attraperont un virus a priori moins grave. C'est donc en cela qu'Omicron pourrait, contre toute attente, avoir un effet positif sur la pandémie. Alex Sigal, virologue à l'Africa Health Research Institute de Durban, et auteur de l'étude, confirme au New York Times : « Omicron est susceptible de repousser Delta. Peut-être que le fait de prendre le dessus sur Delta est en fait une bonne chose. Cela nous permettrait d'envisager un variant avec lequel nous pouvons vivre plus facilement, et qui perturbera moins la population que les variants précédents. » D'autres études tendent à confirmer cette thèse, sans qu'il y ait unanimité sur le sujet. Selon une autre étude menée à Londres, il n'y a aucune preuve que le variant Omicron soit moins virulent que Delta. Il n'est donc pas interdit d'être optimisme, mais il est beaucoup trop tôt pour s'enthousiasmer. D'autant que rien ne dit qu'un autre variant, jusqu'ici inconnu au bataillon, ne fera pas son apparition dans les semaines ou les mois à venir.