Des révélations récentes, lors d'une séance parlementaire de questions orales, ont mis à nu des pratiques douteuses dans certaines cliniques privées, «accusées de recourir à des intermédiaires pour attirer des patients sous prétexte de campagnes médicales gratuites.» Ces campagnes, présentées comme des actions humanitaires, «incluent des interventions coûteuses comme la chirurgie cardiaque ou l'opération de la cataracte.» Une fois les opérations effectuées, des remboursements sont réclamés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), dont une partie serait détournée au profit des intermédiaires impliqués. Des pratiques inquiétantes dans un secteur en crise Selon des informations précises que Barlamane.com a pu recouper, des intermédiaires convainquent des dizaines de bénéficiaires de l'assurance maladie obligatoire de participer à ces campagnes en leur promettant des soins gratuits. Toutefois, ces interventions, intégralement remboursées par l'assurance maladie, sont parfois pratiquées sur des patients ne nécessitant pas réellement d'opération, enflant ainsi les dépenses du système de santé. Les cliniques concernées, situées notamment dans les grandes villes, reverseraient des commissions aux intermédiaires – entre 400 et 600 dirhams par patient – tout en percevant des montants beaucoup plus élevés pour chaque intervention, parfois cinq fois supérieurs aux coûts pratiqués dans les établissements publics. Une gouvernance encore inopérante Ces dérives trouvent leur origine dans l'absence de mise en œuvre effective de la Haute autorité de santé (HAS), pourtant créée par une loi récente. Bien que son président ait été désigné, les textes réglementaires nécessaires à son fonctionnement n'ont pas encore été adoptés, ce qui retarde son rôle de contrôle et de régulation effective. Ce vide institutionnel permet au secteur privé de dominer largement les remboursements de l'assurance maladie au détriment des établissements publics, une situation évoquée dans les rapports du Médiateur du royaume. Le service public, confronté à des retards dans le versement des remboursements – souvent de plusieurs années – peine à répondre aux besoins croissants de la population, d'après des opérateur du secteur. Des parlementaires réagissent Des voix se sont élevées pour demander un audit approfondi de ces pratiques et un arrêt temporaire des remboursements suspects, en attendant la conclusion des enquêtes. «L'urgence d'une réglementation stricte associée à une gouvernance efficace est nécessaire pour éviter que ces dérives ne compromettent le chantier stratégique de la généralisation de la couverture médicale, amorcé sous l'égide des hautes autorités du pays», ont exhorté des députés de l'Istiqlal (PI, majorité) et le Parti du progrès et du socialisme (PPS, opposition). L'adoption rapide des textes d'application nécessaires à l'opérationnalisation de la haute autorité de santé est jugée cruciale. «Cette instance devra jouer un rôle central dans le contrôle des pratiques, la régulation des coûts et la garantie d'une couverture équitable pour tous les citoyens», a souligné le député Rachid Hamouni.