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Marc Marciano : « La musique adoucit les mœurs et participe à un apaisement entre les peuples ».
Publié dans L'observateur du Maroc le 08 - 01 - 2025

Né à Oujda, au sein d'une famille profondément enracinée dans la culture andalouse, la chanteur andalou Marc Marciano est descendant d'une lignée ayant quitté Murcie, en Espagne, pour s'établir à Debdou, puis à Oujda, et enfin à Rabat. Incarnant un héritage andalou vibrant et authentique, Marc est un grand passionné de musique andalouse, une musique qui coule littéralement dans ses veines. Dès l'âge de 5 ou 6 ans, il est tombé amoureux de ce qui allait devenir l'essence même de son art. Son éveil musical s'est fait à la synagogue, où il a découvert les chants rituels interprétés sur les rythmes subtils de "Al Ala".
Marc Marciano- Festival des Andalousies Atlantiques 2024
Ces premières expériences ont marqué le début d'une histoire d'amour inconditionnelle avec la musique andalouse. Chaque note, chaque mélodie, semblait éveiller en lui une connexion ancestrale et une passion grandissante. Marc Marciano, chante avec une âme andalouse pure, fidèle à ses racines et à son héritage familial. Un moment clé dans son parcours artistique a été sa découverte du grand chanteur Abdessadek Chekara. En 1982, à l'âge de 12 ans, il entend pour la première fois la célèbre chanson Bent Bladi diffusée à la RTM. Ce moment fut une révélation : Chekara devint un modèle et une source d'inspiration majeure.
L'authenticité et la profondeur de ce maître andalou ont marqué Marc, nourrissant son rêve de chanter un jour en public. Cependant, ce rêve a été mis en pause pendant plus de vingt ans. Marc a consacré tout son amour, son temps et son énergie à sa famille et à ses enfants, pour qui il a toujours eu un profond sens du devoir. Pour lui, la famille est sacrée, et il ne regrette aucunement ce choix.
Ces années d'éloignement de la scène n'ont pas éteint sa passion, mais l'ont enrichie d'une maturité et d'une profondeur uniques.
Aujourd'hui, Marc Marciano revient avec la même ferveur, prêt à renouer avec son art, un art qui a toujours vécu en lui. Sa voix, empreinte d'émotion et de sincérité, témoigne de son parcours et de son héritage. Plus qu'un simple retour, c'est une célébration de la musique andalouse, portée par un artiste profondément attaché à ses racines et à sa passion intemporelle.
Marc Marciano- Festival des Andalousies Atlantiques 2024
Après 20 ans d'absence, ça vous fait quoi de renouer avec la scène ?
A chaque fois que je reviens dans mon pays, et je le fais à peu près 2 à 3 fois par an, je suis submergé par l'émotion et surtout par le plaisir de revoir mes frères marocains. Et je dois le dire, que cela est aussi dû au plaisir et à la fierté qui m'envahissent face aux progrès constants et flagrants au Maroc, et ce dans de nombreux domaines.
Vous me parlez de 20 ans d'absence sur la scène, mais c'est aussi 20 ans d'absence sur la scène marocaine, c'est-à-dire dans le pays qui m'a vu naître, qui m'a instruit, dans lequel j'ai évolué, dans lequel j'ai étudié, obtenu des diplômes, appris la langue arabe et la musique. Le Maroc et les Marocains m'ont infiniment manqué pendant ces 20 ans.
En tant que père de famille, j'ai choisi de faire passer ma famille avant ma vie artistique et dans ce cadre-là, il m'était compliqué de revenir au Maroc régulièrement.
En effet, je m'en étais absenté depuis 2003, l'année de l'enregistrement de mon troisième et quatrième disque d'Ala Andalusia, accompagné par l'orchestre Chabab Al-Andalous de Rabat.
Comment avez-vous vécu l'expérience au dernier festival des Andalousies Atlantiques à Essaouira ?
Participer à ce festival a été pour moi un honneur, un plaisir, et surtout une renaissance, tant sur le plan artistique que sur le plan humain.
Mes remerciements et mes prières vont à S.M. le Roi Mohammed VI et à M. André Azoulay, pour la création de ce festival, car c'est, à ma connaissance, le seul endroit au monde où nous pouvons nous asseoir ensemble pour chanter, pour partager nos souvenirs, et pour nous projeter ensemble dans la joie et le bonheur de nous retrouver dans un but commun.
Le chanteur andalou Marc Marciano, entourré de Maître Omar Metioui et de son orchestre de Tanger.
Le Maroc, par sa position géographique, a été tantôt la terre d'accueil, tantôt un chemin de passage pour tellement de personnes à travers l'histoire, ce qui fait justement la richesse de notre pays aussi bien humainement que culturellement.
Nous sommes fiers de cela en tant que Marocains, et il me semble que c'est de là que nous puisons cette capacité, qui est la nôtre, d'accueillir les gens de l'étranger, avec le sourire, à les aider et à les aimer.
Donc, devant un tel public, et surtout reprendre la scène dans un festival qui a autant de sens pour moi, dans mon pays natal, cela représente la meilleure combinaison possible pour amorcer ma nouvelle vie artistique. Et c'est la raison pour laquelle l'émotion a été très forte.
Lorsqu'une manifestation comme le festival d'Essaouira connaît une telle réussite et un tel retentissement dans le monde entier, c'est d'abord parce qu'il y a des femmes et des hommes qui ont œuvré dans l'ombre. Et je tiens à remercier toute l'équipe qui a conçu ce festival, aussi bien en termes d'organisation, de communication, que sur le plan artistique.
Je remercie également Maître Omar Metioui et son orchestre de Tanger, pour leur accueil, pour la place qu'ils m'ont faite au sein du groupe. Tout a été fluide et facile au sein d'un groupe ayant une expérience longue et valeureuse et surtout une synergie déjà bien huilée. Et croyez-moi, y intégrer un nouveau venu n'est pas chose aisée, mais grâce à Maître Metioui et aux deux solistes, Omar Jaidi et Salah-Eddine Mesbah, la cohésion était parfaite.
Racontez-nous votre passion pour le chant et pourquoi Ala Andaloussia et le Malhoun ?
Vous savez, mon patronyme Marciano est en réalité Murciano, comprenez, citoyen de Murcie. Nous avons en effet quitté cette région d'Andalousie avant même l'inquisition espagnole de 1492. Notre famille est arrivée d'Espagne dans la région de Debdou, à une centaine de kilomètres d'Oujda (ma ville de naissance), à la fin du XIVe siècle, avec d'autres ressortissants de la ville de Séville.
Compte tenu de ce parcours, permettez-moi de me considérer comme un véritable andalou. Et qu'on croit ou non aux mémoires transgénérationnelles et ancestrales, je peux, avec toute l'humilité qui s'impose, dire que la musique andalouse fait intrinsèquement partie de moi.
Et je ne peux pas vous dire que j'ai appris la musique andalouse auprès d'un maître, ni même d'un mentor, parce que je suis un autodidacte et en fait la musique andalouse est venue à moi tout naturellement et non pas par effraction, lorsque j'avais cinq ou six ans, en écoutant les grands maîtres, que ce soit Haj Loukili ou Haj Raïs et d'autres encore.
En 1982, lorsque la chanson BNT BLADI passait pour la première fois sur l'unique chaîne de télévision RTM, la voix, la classe, la dignité, l'énergie et l'aura de Maître Abdessadek Chekara, m'ont complètement conquis, voire envahi et à partir de ce moment-là, j'ai été littéralement habité par cette musique. Je pourrais même affirmer, que Maître Chekara a eu une influence même sur mon expression vocale.
J'ai appris tout seul, d'abord en arabe, puis après j'ai adapté les poésies en hébreu qui datent d'une époque entre le Xe et le XVe siècle. Lorsque l'anthologie de la musique andalouse a vu le jour, à la fin du XXe siècle, à la demande de Feu S.M. Le Roi Hassan II, j'ai décidé d'entreprendre, tout seul, sans aucune aide extérieure, une anthologie de la musique andalouse dans les deux langues.
Outre la question du financement de ce projet, le devoir familial m'a occupé pendant 20 ans, et aujourd'hui j'ai décidé de continuer et compléter mon travail entrepris en 2001, et l'étendre au Gharnati et au Melhoun, dans les deux langues.
Vos projets pour l'avenir ?
Tout d'abord, je souhaite diffuser le plus possible dans le monde, la musique andalouse marocaine que ce soit la ALA Andalusia ou le Gharnati et nous pouvons ajouter aussi Malhoun, dans les deux langues.
Il faudrait essayer de rendre cette musique plus visible et surtout plus audible. Il y a trois grandes parties dans chacune des œuvres de Ala, et deux d'entre elles sont très lentes. Alors, je vais essayer de commencer par la fin, c'est-à-dire de faire connaître au grand public les parties les plus rythmées, afin que, petit à petit et par capillarité, on apprenne la musique à rebours, du plus rythmé vers le plus reposant. L'objectif étant que les profanes, et majoritairement les jeunes, s'emparent de cette musique au fil des années.
Je voudrais aussi parachever le travail d'anthologie de la musique andalouse marocaine dans les deux langues (arabe et hébreu) que j'ai déjà entrepris depuis 2001.
La musique andalouse est vaste. Elle ne se résume pas à la Ala marocaine uniquement ni même au Ghrnati. Il existe d'autres composantes, comme les musiques : Jbli, Chgouri et même le Flamenco et donc mon ambition est de réunir tous ces courants dans un même catalogue.
Le Malhoun est, depuis peu, inscrit officiellement au patrimoine immatériel de l'Unesco. Mon vœu le plus profond est que la Ala Andalusia marocaine connaisse le même sort. Je souhaite qu'elle soit reconnue comme un patrimoine immatériel marocain, inscrit à l'Unesco à part entière et non pas dans une appellation généraliste et globalisante de la « musique arabo-andalouse ».
Si dans mon travail j'insiste sur l'aspect bilingue, c'est parce que je suis convaincu que cette musique a été conçue, développée, chantée, véhiculée et transmise par nos deux cultures, et il me semble que, la vérité et la musique adoucissant les mœurs, elles peuvent ardemment participer à un apaisement certain et durable entre les peuples.
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