La Fédération nationale des associations du consommateur (FNAC) et la Fédération marocaine des droits des consommateurs (FMDC) appellent à une intervention du gouvernement notamment pour une loi de finances rectificative, un plafonnement des prix et des contrôles accentués pour préserver le pouvoir d'achat du consommateur. La hausse des prix des carburants, pointée cette semaine par les professionnels de plusieurs secteurs, est une occasion pour les associations défendant le consommateur de réitérer leurs appels lancés depuis septembre dernier. En effet, plusieurs ONG avaient alors appelé à une intervention du gouvernement pour atténuer l'impact de la hausse constatée des prix de certaines denrées alimentaires sur le pouvoir d'achat des citoyens. Aujourd'hui, alors que les prix à la pompe continuent de grimper, les ONG décrivent une situation «alarmante». «Actuellement, les augmentations vont crescendo et le consommateur ne peut plus faire face à ses achats quotidiens, car son pouvoir d'achat ne peut plus supporter ces hausses», regrettent Ouadi Madih, président de la Fédération nationale des associations du consommateur au Maroc (FNAC). Dans une déclaration à Yabiladi, le président de la FNAC rappelle que «le consommateur n'a pas eu d'augmentation depuis très longtemps», alors que «l'impact de la pandémie a laissé ses traces que ce soit au niveau sanitaire ou économique». «La fédération a constaté la cherté du carburant. Cela impacte les citoyens d'abord ceux qui utilisent leurs propres moyens de transport, mais aussi les services de transport», ajoute-t-il en notant que «cela va handicaper tous les secteurs en relation avec le carburant». «Quand on touche aux prix des carburants, cela impacte automatiquement plusieurs secteurs qui ont comme intrant dans leur matière ou dans leurs prestations le carburant, comme les transports, l'agroalimentaire, le secteur des fruits et légumes…Ces produits sont transportés jusqu'au consommateur final. La situation devient alarmante.» Ouadi Madih «Un silence qui sème la terreur dans le cœur des Marocains» Même constat chez la Fédération marocaine des droits des consommateurs (FMDC). A Yabiladi, son président Bouazza Kherrati confie que «depuis le mois d'août, les prix n'ont cessé d'augmenter, et cette hausse concerne les denrées alimentaires, les biens industriels et les services». «Ce qui a aggravé la situation, c'est que le consommateur se retrouve entre le marteau de ces prix élevés et l'enclume d'un faible salaire mensuel», dénonce-t-il, en appelant à «admettre que nous sommes en pleine crise, résultant d'abord de la pandémie, puis de la sécheresse». «Pour gérer toute crise, plusieurs facteurs doivent être présents, dont le plus important est la communication. Malheureusement, le gouvernement se mure dans un silence qui sème la terreur dans le cœur des Marocains, quant à l'avenir incertain», fustige-t-il. «Nous espérons que le gouvernement prendra en considération les demandes du consommateur, car la situation est devenue alarmante, quand on voit que certains pays similaires ont pris des décisions plus audacieuses pour réduire la sévérité de la hausse des prix, qui a des causes internes et externes.» Bouazza Kherrati Plafonner les prix, baisser les taxes et accentuer les contrôles des prix Les deux fédérations de protection du consommateur ont formulé plusieurs recommandations afin de préserver le pouvoir d'achat du citoyen. Les propositions de la FNAC se basent sur trois suggestions, à savoir «plafonner les prix de produits de première nécessité, accentuer les contrôles et préserver le pouvoir d'achat du consommateur». «Pour le premier point, il est très important quand on parle de produits de première nécessité de rappeler que cela concerne une grande partie des consommateurs, qui plus est vulnérables. L'Etat peut réglementer les prix conformément à la Loi 104-12 et plus précisément son article 4 qui donne droit au gouvernement de plafonner les prix pendant une période de six mois renouvelables une fois», nous rappelle Ouadi Madih. Quant au deuxième, la fédération rappelle que «certains professionnels profitent de cette occasion sans aucune justification valable», alors que «les outils mis en œuvre par l'Etat pour contrôler ne sont pas très perceptibles par les consommateurs ou le marché». Enfin, pour le dernier point, relatif au pouvoir d'achat du consommateur, «il faudrait que le gouvernement mette des solutions pour pouvoir soulager le consommateur marocain pour que ce dernier puisse vivre dignement sinon il y aura une augmentation de la pauvreté et des répercussions sur la paix sociale», explique son président. De son côté, la FMDC propose «de revoir la loi de finances pour l'année 2022, en raison de la sécheresse et des prix élevés». «Nous exigeons une inversion des taxes qui ont connu une augmentation. Nous suggérons de diminuer la taxe sur la valeur ajoutée de 50%», explique Bouazza Kherrati, qui recommande aussi de «recourir à l'article 4 de la loi 104-12, pour fixer le prix, pour une période de six mois, des matériaux et produits sensibles ayant subi une inflation excessive».