Nasser Bourita ignore les accusations portées par l'Algérie contre le Maroc. «Cela fait assez longtemps que j'ai arrêté de suivre ce que dit l'Algérie ou la diplomatie algérienne», a déclaré le chef de la diplomatie dans des interviews accordées à plusieurs chaînes françaises. Après Ramtane Lamamra, au tour du ministre marocain des Affaires étrangères de s'entretenir avec plusieurs chaînes françaises : RFI, France24 et TV5 Monde. Une occasion pour le chef de la diplomatie de répondre à son homologue algérien sur les risques d'une confrontation armée entre les deux voisins, les relations avec Israël et la question du Sahara occidental. Nasser Bourita a écarté l'option de la guerre. «Le Maroc n'est pas dans l'escalade. Le Maroc n'insulte pas l'avenir et le Maroc pense qu'on ne change jamais la géographie. Mais la démarche de Sa Majesté le Roi est de ne pas aller dans l'escalade et de se concentrer sur ce qui nous unit et pas sur ce qui nous désunit», a-t-il précisé. Vendredi, Lamamra a confié à France24 que son pays «ne fera la guerre qu'en légitime défense. L'Algérie a trop connu les affres de la guerre coloniale pour souhaiter s'engager dans une confrontation armée avec un pays voisin». C'est, d'ailleurs, le seul point qui «unit» les deux ministres. Sahara : «Le Maroc pour une solution dans le cadre de l'ONU» Ainsi, Bourita a ignoré les accusations portées par son homologue algérien sur la coopération militaire entre le Maroc et Israël. «Cela fait assez longtemps que j'ai arrêté de suivre ce que dit l'Algérie ou la diplomatie algérienne, parce que je vois qu'il y a beaucoup de contradictions, beaucoup de choses. Je pense que c'était Talleyrand (diplomate français 1754-1838, ndlr) qui avait dit : "Lorsque c'est excessif, cela devient insignifiant". Et je pense que lorsqu'on est dans l'excès, on n'a plus d'impact». Le vendredi, Ramtane Lamamra a estimé qu'«il y a des problèmes dans la région, et la solution n'est pas dans la fuite en avant, comme celle qui consiste à inviter des dirigeants israéliens à nos frontières pour menacer l'Algérie à partir du territoire marocain». 35ème sommet de l'UA en Ethiopie. Le président sénégalais a pris la présidence tournante, et les défis sont nombreux, comme la décision controversée d'accorder le statut d'observateur à Israël. Entretien TV5Monde avec le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita. pic.twitter.com/JHJ26EC4P9 — TV5MONDE Info (@TV5MONDEINFO) February 6, 2022 Sur la question du Sahara occidental, autre grand différend entre les deux pays, Nasser Bourita s'est permis de relever les contradictions de la diplomatie algérienne. «Le Maroc est pour une solution dans le cadre des Nations unies, dans le cadre de l'autonomie, sous souveraineté marocaine. Ce n'est pas le Maroc qui a sorti un communiqué en octobre pour dire: "Je rejette la résolution adoptée par le Conseil de sécurité"». Le ministre des Affaires étrangères se réfère à la réaction de l'Algérie suite à l'adoption par les Quinze de la résolution 2602. Le département dirigé par Ramtane Lamamra avait indiqué que «l'Algérie exprime son profond regret quant à l'approche fondamentalement déséquilibrée consacrée par ce texte qui manque cruellement de responsabilité et de lucidité du fait du forcing malencontreux de certains des membres influents dudit Conseil». Poursuivant sur la même ligne, Bourita a manifesté son opposition à «mettre l'Algérie et le Maroc sur un pied d'égalité. Et le Maroc est aligné sur la résolution du Conseil de sécurité. L'Algérie ne veut pas de cette résolution. Donc, le Maroc est à l'aise». Et d'ajouter que l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, «a dit qu'il travaille pour les tables-rondes. Si l'Algérie ne veut pas, c'est son problème». Pour mémoire, Alger a annoncé en octobre son rejet des tables-rondes. «Cette formule ne constitue pas la solution optimale», avait en effet déclaré Amar Belani dans un communiqué.