En cette fin d'année, le ministre algérien des Affaires étrangères a tenu à adresser aux responsables marocains un message assez clair. Si une hypothétique normalisation dans les relations entre les deux pays peut être espérée, il faut pour l'instant oublier la réouverture des frontières terrestres et la question du Sahara restera un problème de décolonisation aux yeux du voisin de l'est. 2014 sera-t-elle aussi une autre année de tension dans les relations maroco-algériennes ? A priori la tendance n'est guère à l'optimisme. Sur les pas de ses supérieurs hiérarchiques, le ministre algérien des Affaires étrangères a soutenu que «la question du Sahara occidental est une question de décolonisation relevant de la responsabilité des Nations Unies». Les propos de Ramtane Lamamra sont à paraître demain dans un entretien accordé au mensuel Afrique-Asie. Mais une partie de la presse locale a déjà publié certains extraits concernant le royaume. En donneur de leçon, le chef de la diplomatie algérienne a estimé que «les frères marocains savent parfaitement ce qu'ils pourraient et devraient faire pour que les relations bilatérales connaissent un cours normal». Oublier la réouverture des frontières terrestres Reprenant à son compte le discours de son prédécesseur, Mourad Medelci, promu chef du Conseil constitutionnel à l'issue du dernier remaniement ministériel, Ramtane Lamamra s'est dit convaincu que «les relations algéro-marocaines ne sont pas réductibles à la seule question de la fermeture de la frontière terrestre», depuis 1994. C'est le même message qu'avait transmis Medelci à Saâd Dine El Othmani lors de sa fameuse visite à Alger en janvier 2012. Ils avaient invité l'ancien ministre marocain des Affaires étrangères à mettre les dossiers des frontières et du Sahara occidental en sourdine pour enregistrer des progrès sur d'autres questions d'intérêts communs. Deux ans après, l'expérience n'a pas vraiment donné de résultats probants. Pire encore, elle a montré à quel point une possible normalisation dépendait d'une solution à ces deux problèmes. Expliquant sa vision, Ramtane Lamamra a précisé qu'entre l'Algérie et le Maroc, «il y a un tissu de relations particulièrement dense, avec des dimensions matérielles et immatérielles indissociables, des référents historiques, des questionnements et des projections qui dépassent la conjoncture». Si le ministre des Affaires étrangères a évoqué brièvement la question des frontières, il s'est, en revanche, montré volubile en abordant l'incident du drapeau algérien du consulat algérien de Casablanca. Lamamra estime que «nul ne peut ignorer l'ampleur du dommage causé à cette relation par l'agression perpétrée contre le consulat général d'Algérie à Casablanca et par la profanation de l'emblème national».