Hausse du prix des carburants et augmentation des prix des produits de première nécessité inquiètent quant au pouvoir d'achat des consommateurs au Maroc. Les défenseurs des droits de l'homme et le Mouvement du 20 février montent au créneau et appelle à une manifestation générale, samedi 11 août, dans tout le pays. Samedi 11 août, à partir de 22h, les esplanades des grandes villes du pays vont abriter des sit-in pacifiques. Le Conseil national de soutien au Mouvement du 20 février organise la «Journée nationale militante» et appelle à des manifestations pour protester contre la cherté de la vie et l'injustice sur fond de grogne sociale. Leur leitmotiv : «revendiquer les droits des citoyens». Selon le groupement, tous doivent jouir du «droit à la vie dans la dignité» et quand la hausse des prix touche de manière forte le pouvoir d'achat du consommateur, la dignité de l'homme est touché, estime Abdelhamid Amine, membre influent du Conseil, contacté par Yabiladi. «Nous avons au total 92 sections que nous avons toutes appelé à prendre part à cette journée de manifestation. Une vingtaine de villes au moins ont déjà assuré de leur participation au sit-in national, notamment Rabat, Casablanca, Tanger, Marrakech, Oujda, et même Al Hoceima», indique M. Amine. Soutien à 100% Les organisateurs du sit-in ont le soutien d'une dizaine d'associations des droits de l'homme, dont l'AMDH qui soutient le mouvement à cœur joie. «La hausse du carburant, la hausse des produits de première nécessité. Cette fois, c'est trop fort !, s'exclame Khadija Riyadi, président de l'AMDH, contactée par Yabiladi. Surtout que lorsque le gouvernement augmente les prix, il dit que c'est pour ne pas recourir au crédit. Ce qui n'est pas vrai, puisque le pays a continué à emprunter». Pour la militante associative, le pouvoir d'achat du consommateur est fortement touché dans ces conditions. De surcroît, «tout cela a une impact sur le droit à la dignité. Quand on n'a pas les moyens pour se nourrir, payer le lait du bébé, les factures d'électricité …, on perd sa dignité, estime-t-elle. Il ne s'agit pas d'une action économique ou politique, mais vraiment humaine. C'est légitime !». «Les consommateurs payent des erreurs du gouvernement», mais… Le docteur Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur, entend les choses un peu différemment. D'après lui, il est clair que «la hausse des prix est une réalité. La hausse des prix, nous la dénonçons. La hausse des prix fragilise notre société. Le consommateur souffre… et d'ailleurs nous étions les premiers à dénoncer la hausse des prix du carburant parce que cela a forcément un impact sur les autres produits», assure-t-il. Même s'il estime que les «consommateurs payent des erreurs du gouvernement», car la décision d'augmenter les prix des carburants n'a pas eu de «justificatifs corrects», pour M. Kherrati, mouvement du 20 février, droits de l'homme, ça sonne politique. Et «le dahir 1958 ne nous autorise pas en tant qu'association à manifester à des fins politiques», affirme-t-il. «Oui ! La hausse des prix peut conduire à des manifestations. Mais nous gardons un mauvais souvenir des émeutes du pain en 1981 et nous ne voulons plus qu'une chose pareille se produise», souligne le responsable associatif. Ce qui se passera demain, personne ne peut le dire pour l'instant. En attendant le signal, les militants se préparent activement. « Le nouveau gouvernement est comme le précédent, peut-être même pire... » Le Conseil national de soutien au Mouvement du 20 Février dit avoir choisi le moyen des sit-in parce qu'ils obtiennent « très difficilement » des réponses de la part des autorités. « Nous envoyons au moins 3 ou 4 lettres par semaine, malheureusement, on n'est pas écouté ». Ceci concerne surtout la question des libertés publiques. Ils revendiquent depuis la libération des jeunes incarcérés à l'issue de manifestations. Des arrestations et condamnations qu'ils jugent « injustes ». « Le nouveau gouvernement est comme le précédent, peut-être même pire. Ils vont mollo avec la question des libertés publiques […] Cette année était une année blanche dans le domaine du dialogue social. Il n'y a rien eu du tout. […] Très probablement, le M20 reprendra de la vigueur. Les problèmes pour lesquelles les jeunes manifestent depuis 2010 et 2011 n'étant pas résolus, le M20 continuera le combat », déclare Abdelhamid Amine, membre du Conseil.