L'AMDH devait observer, hier lundi, un sit-in pour la commémoration de la journée mondiale des droits de l'Homme. Après la liste et la lettre ouvertes au ministre de la Justice, la tension est montée d'un cran. En appelant, pour la deuxième année consécutive, ses militants a observé un sit-in en face du Parlement à l'occasion du 10 décembre, journée mondiale des droits de l'Homme, l'AMDH se démarque nettement de ses autres consœurs qui se contentent de publier des communiqués célébrant cette journée. Après, la liste comportant 45 noms de responsables policiers et militaires, présumés responsables d'atteintes graves aux droits de l'Homme pendant les années noires, l'association passe à la vitesse supérieure et envoie une lettre ouverte à Omar Azziman, ministre de la Justice. D'ailleurs, pour Abdelhamid Amine, président de l'AMDH : «C'est le contenu de la lettre qui est le plus important. La liste quant à elle n'est publiée qu'à titre indicatif» En effet, dans la lettre ouverte, l'association demande au ministre de la Justice de «donner l'ordre au Ministère public d'ouvrir une enquête sur les personnes impliquées dans les crimes d'assassinats, enlèvements et tortures». Il s'agit donc de «sensibiliser les autorités et l'opinion publique à la question de l'impunité», poursuit Abdelhamid Amine. C'est là d'ailleurs, le principal cheval de bataille de l'AMDH. Par ailleurs, et en ce qui concerne la manifestation de ce lundi 10 décembre tenu à 20h30, Abdelhamid Amine dit ne pas s'attendre à des événements comme ceux qui ont perturbé le sit-in de l'année dernière. En effet, il est à rappeler que le sit-in observé par l'AMDH le 10 décembre dernier avait dégénéré après l'intervention musclée des forces de l'ordre qui avaient molesté, sous les yeux des passants, des dizaines de militants des droits de l'Homme. Les forces de l'ordre avaient procédé également à 36 arrestations parmi les activistes de l'AMDH. S'ensuit alors un procès à rebondissements qui a duré toute l'année et dans lequel était poursuivi Abderrahmane Benamar, ex-président de l'AMDH. Une polémique avait opposé, lors de ce procès, le gouvernement à l'AMDH. Cette dernière, comme le souligne son président, persiste à considérer que : «Pour organiser un sit-in, l'Association n'a pas besoin de demander une autorisation. Elle n'est d'ailleurs pas stipulée dans le dahir des libertés publiques de 1958» Alors que le gouvernement et plus précisément le ministre de l'Intérieur excipait de son droit à interdire toute activité pouvant porter atteinte à l'ordre public. Il est à noter enfin que l'AMDH a dénoncé le rétrécissement du champ des libertés au Maroc, arguant des procès intentés aux militants des droits de l'Homme et aux journalistes. Si l'Association de Abdelhamid se dit attachée aux acquis enregistrés en matière des droits de l'Homme, elle compte néanmoins poursuivre son action contre l'impunité et pour un véritable Etat de droit.