Le sit-in contre la hausse des prix de la Redal, observé vendredi à Rabat, s'est terminé par une confrontation avec la police. Plusieurs membres de l'AMDH ont été blessés dont le responsable de sa section à Rabat. L'AMDH veut engager des poursuites. Vendredi 10 novembre à Rabat. Face à l'agence de Redal à Hay Nahda 2 près du collège Zerktouni, des centaines de personnes ont commencé à se réunir à 17 heures. Banderoles à la main, hommes et femmes, épaulés par la Coordination de dénonciation de la hausse des prix, sont venus observer un sit-in. «Il n'y a rien d'anormal au fait de protester contre les tarifs élevés de l'eau et de l'électricité. Mais on ne comprend pas pourquoi, ce jour-là précisément, la police s'est acharnée sur les protestataires», confie Abdessalam Adib, responsable de la section de Rabat de l'Association marocaine des droits humains, qui a participé au sit-in. La manifestation qui avait été entamée dans le silence s'est vue soudainement encerclée par les agents de l'autorité. A coups de matraques, la police est intervenue avec une telle force qu'elle a fait plusieurs blessés, selon un communiqué de l'AMDH. Dans ce dernier, l'association crie à la répression du droit à la liberté de s'exprimer. «Abdelhadi Amlihan qui est membre de notre association a été purement et simplement tabassé. Il a reçu des coups très violents au niveau des pieds, du ventre et du thorax et a perdu conscience. Abdelhadi a été transporté aux urgences et les radios effectuées montrent que ces coups ont provoqué de sérieux dégâts au niveau du cœur», dénonce M. Adib, lui aussi blessé. Trois autres membres de l'AMDH, Abdelkader El Hamdaoui, Miloud Belghali et Omar Marchoud, ainsi que le directeur de la section de Rabat s'ajoutent à la longue liste des personnes blessées physiquement, mais aussi moralement par des injures. «Plus que cela, des appareils photos, notamment ceux d'un journaliste-photographe et du responsable de la section de l'AMDH, ont été confisqués. Les banderoles, elles, ont été déchirées», souligne le communiqué. Jamais, à en croire M. Adib, une intervention aussi musclée n'a eu lieu dans les autres arrondissements de la capitale. «Les coordinations ont, depuis septembre dernier, organisé des protestations et toutes se sont déroulées dans le calme. Nous n'avions même pas eu d'interdiction des autorités 24 heures à l'avance comme le veut le règlement. Pour des sit-in qui se déroulent en paix, il n'y a pas nécessité de demander des autorisations depuis 2002», explique M.Adib Le sit-in qui devait être rompu par la force ne l'a pas été. Les 1200 personnes ,qui s'étaient réunies, sont restées à leur place tout au long de la durée prévue (une heure). «Des habitants ont même essayé de nous soutenir en se joignant à nous. Ils criaient leur honte et leur indignation, mais les autorités nous avaient encerclés interdisant tout accès au sit-in», raconte M. Adib. Les membres de l'AMDH ont dû se réunir le soir même après le sit-in pour décider d'une réaction vis-à-vis de cette répression. L'association compte se faire entendre auprès des autorités en engageant des poursuites à l'encontre de ceux qui ont agressé ses membres. Dans son communiqué publié à l'issue de cette réunion, l'AMDH est claire : «Nous demandons au Premier ministre et au ministre de la Justice de sanctionner les responsables de ces violations des droits de l'Homme qui portent atteinte à l'Etat de droit». Une affaire à suivre…