Le Mouvement du 20 février a organisé une marche nationale, dimanche, à Marrakech. Objectif : dénoncer le terrorisme et revendiquer des réformes. Reportage. Le mouvement du 20 février ne lâche pas prise. L'attentat du 28 avril au café Argana de la Place Jamâa El Fna n'arrêtra pas leurs revendications. « Non aux explosions, oui aux réformes », était le slogan répété en boucle lors de la marche nationale du 8 mai. Sur les coups de 11 heures du matin, près de 300 personnes de la coordination nationale du mouvement du 20 février étaient là pour encadrer les nombreuses personnes affluant de Bab Doukkala. « Hier soir, deux autocars ont amené des gens de Fès et de Casablanca » informe Yassir, un jeune de la coordination de Marrakech. Accompagné de son ami Soufiane, ils devancent leur camardes pour assurer le bon déroulement de la manifestation. « Nous attendons 40 000 personnes » ajoute Yassir. Plus haut, au coeur de la marche sur l'avenue Mohammed VI, Abdelhamid Amine de l'AMDH et coordinateur du conseil national d'appui au mouvement du 20 février, parle de 10 000 participants. Ce militant des droits de l'Homme suit de près toutes les marches et les sit-in du mouvement. « Celle-ci est marquée par un certain dynamisme, les manifestations prennent de plus en plus de force » constatait-il. « Nous sommes là pour dénoncer le terrorisme et l'attentat de Marrakech, mais ça ne veut pas dire qu'il faut stopper le processus de lutte pour les réformes » ajoute-t-il. Sur cette ligne directrice, les jeunes du mouvement du 20 février sont tout à fait d'accord, mais ils dénoncent néanmoins la récupération de ces revendications par « certaines instances qui se greffent à (leurs) actions et qui veulent toujours prendre les devants » regrette un membre du mouvement. Selon Abdelhamid Amine ces remarques ne sont pourtant pas fondées : « Ceux qui disent cela sont vraiment minoritaires. Nous avons créé un conseil national d'appui au mouvement, donc nous ne sommes pas du tout dans la récupération », insiste le président d'honneur de l'AMDH. La marche du 8 avril est la deuxième mobilisation après celle de Casablanca. « Des gens sont venus d'Essaouira, de Fès, de Safi, de Mohammedia et de Benguerir » affirme Soufiane, de la coordination de Marrakech. Selon plusieurs observateurs, cette marche s'est déroulée dans de très bonnes conditions. « C'est pacifiste, il n' y a eu aucune altercation avec la police, aucune répression » témoigne un marcheur satisfait. Après la marche, qui a prit fin sur la place de Jamâa El Fna, les membres du mouvement du 20 février comptent organiser un sit-in de 24 heures devant le tribunal de première instance de Marrakech. « Nous avons tout prévu, des couvertures et de la nourriture, nous allons observer un sit-in de 24 heures, pour insister sur nos revendications » confie Yassir. La manifestation de dimanche à Marrakech s'est déroulée dans le calme, avec un encadrement efficace des organisateurs. On peut cependant regretter que la manifestation prévue contre le terrorisme ait laissé si peu de place aux condamnations, les principales revendications restant sous le préfixe « dégage », demandant le départ de tout le monde dans une démarche un peu hétéroclite. Il faut un temps pour chaque chose. Dimanche aurait dû être consacré au refus du terrorisme. Dommage que ça n'ait pas été le cas.