Dans son dernier rapport, le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale des Nations unies (CERD) a recommandé à la Suisse de mettre en œuvre plus de moyens pour lutter contre le racisme, dénonçant l'absence de loi fédérales claires prohibant la discrimination raciale. Les activistes suisses, rapporte Swissinfo, soulignent également la difficulté d'accès à la justice et le coût élevé des procédures judiciaires pour les victimes. «À la lumière de l'augmentation du nombre d'incidents de discrimination raciale et de la rareté des actions en justice à cet égard, le Comité est vivement préoccupé par l'absence d'une législation interdisant clairement la discrimination raciale et par le manque des recours suffisants et accessibles pour les victimes, notamment dans le droit civil et administratif et dans les domaines de l'éducation, de l'emploi et du logement», peut-on lire dans les recommandations du CERD. Responsable de rendre des rapports tous les 4 ans sur la mise en œuvre de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale de 1965, le CERD demande également à la Suisse de prendre plus de mesures pour lutter contre les discours de haine sur internet et «la poursuite du profilage racial par la police». Mohamed Wa Baile, fondateur de l'Alliance contre le profilage racial en Suisse a témoigné de la difficulté pour les victimes de rassembler des fonds pour leurs actions en justice. «Vous devez être riche pour demander justice dans les tribunaux suisses», regrette-t-il alors que depuis 2015, il a déjà payé 100 000 francs suisses de frais judiciaires pour un contrôle de police abusif. De plus, selon Alma Wiecken, directrice de la Commission fédérale contre le racisme (FCR), l'absence de législation claire et la rareté des actions en justice provoque un manque de jurisprudence et plus de difficulté pour les avocats souvent mal préparés à mener ces actions en justice. Selon elle, la Suisse doit s'inspirer de pays comme la Norvège qui dispose de tribunaux spécialisés dans les affaires de discrimination raciales, alors que dans d'autres, les victimes ne paient pas d'avance pour ces affaires juridiques. En outre, le CERD déplore l'augmentation des discours de haine contre les communautés musulmanes, juives, africaines, asiatiques, yéniches, romes ou sintés, appelant le gouvernement à prendre des mesures pour mettre fin à ce phénomène. La Suisse dispose maintenant de 4 ans pour soumettre un rapport complet, mais les experts de l'ONU lui ont demandé de rendre compte en un an des préoccupations les plus graves : le profilage racial, les discours de haine et la situation des non-nationaux.