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MAGAZINE : Mohamed El Baz, l'incalculé de l'Art Fair 2025
Publié dans L'opinion le 09 - 02 - 2025

La Foire d'art africain « 1-54 » tenue avec ses toiles et ses tissages le week-end dernier à Marrakech, ville où El Baz a vécu quelques années avant de rendre l'âme en mai 2024 à 57 ans, n'a pas jugé pertinent de lui rendre hommage. Par inadvertance ou parce qu'il était plus marocain qu'africain ? Gâchis ! Et pourtant... Mais ses amis comptent prochainement remédier à cette grosse lacune.
Créateur mesuré, submergé de projets, El Baz finit par penser à la communauté des agitateurs contemporains marocains plus qu'à son propre devenir. Les idées de faire et de déconstruire rythment le quotidien d'un homme aimé et pas forcément soutenu. Mais il n'en a cure. Il continue même si des murs se dressent devant chacun de ses pas. Furieux de ces non-accueils, il devient de plus en plus fou de réaliser, de laisser des traces aux pas herculéens. Fin et intellectuel aux choix dérangeants, il aime la vie et le cinéma, son art en bandoulière.
Mohamed El Baz, dit Mo, ne veut pas quitter ce bas monde, seulement la bassesse de ce même monde lui montre sournoisement la porte de sortie. Mais l'homme tient bon, jusqu'à ne plus se jeter dans les bras de l'embarras, se tenant maître de ses voyageuses pulsassions. El Baz se retrouve sur terre par inadvertance. Le sait-il ? Oui et non. Furieusement aimant, il claque la bise au lendemain en enlaçant son présent immédiat, fleuri de belles paroles à l'imagerie contagieuse. L'enfant de Ksiba où il est enterré, parti en 1972 en France chez les Chtis, ne s'occupe pas encore de son avenir, et pour cause... Il n'est qu'un enfant pétri de curiosités. Il se jette rapidement dans les bras de l'art qui l'accueille sans trop se poser de questions. Mo est là et compte s'y installer.
Après des études plastiques dans sa région lilloise et à Paris, il se retrouve seul face à son agrégat de questionnements qu'il fracasse à l'endroit d'intenables pulvérisations innommables. El Baz cherche la paix en croisant l'insupportable. Il en parle avec un sourire sonore, le drape de belles formules sorties d'une continuelle lecture du champ de l'enfoui. Et c'est cela qui le fait, l'a fait et continuera à le faire. Mourir n'est pas arrêter de vivre.

« Je veux vivre. »


Mohamed El Baz est passablement un extraterrestre, mais l'humain qu'il est demeure l'incroyable agitateur d'idées. Pour le bonheur de ce qu'il est et de ce qu'il n'arrête pas d'être. Il frappe à nues pattes, caresse à poings liés, pour que le verbe s'étale dans un univers de la suprême incompréhension. Il ne s'entend que peu avec la vie qu'il côtoie avec assiduité et oublie spontanément qu'il y évolue. Finalement, sa force est dans sa rugueuse fragilité.
Dans les années 1990, il se trouve un thème nodal : « Bricoler l'incurable ». Une approche ironiquement intellectuelle qu'il entretient, sa carrière durant. En fait, El Baz se moque de l'art avec beaucoup de sérieux. Sans occulter quelques envolées écrites où la remise en question se fait reine. Il y a quelques années, il a cet échange sur la peur avec son ami plasticien Elias Selfati. Ce dernier s'élance : « Pourquoi avoir peur ? Pourquoi simplement de la douleur, de la déception, de la tristesse ou même de la rage ? La peur est confrontée à quelque chose à venir.
L'achèvement de la vie est également quelque chose à venir puisqu'il est perçu comme un manque qui, par son énormité, transforme la certitude de l'intérieur en peur. » A cela, Mo El Baz réplique : « Elias, tes envois me bouleversent toujours mais je n'en sais pas plus. J'ai régulièrement demandé à agrandir la porte, mais je ne sais si je peux l'agrandir pour passer celle de mon père. Je me fous des Rois mages et d'Euclide. Je veux juste être un peu heureux avant de les rejoindre. Tu sais cher, je m'inquiète d'une situation. Je ne comprends pas pourquoi. Je veux toujours rire et pleurer. Je ne comprends pas Elias, je ne comprends pas, je ne comprends pas. Mais un jour, nous prendrons un bateau. Je n'ai pas peur du monde. Je veux vivre. » Et il vit avec ses démons et ses facéties, son grand cœur et ses tripes. Jusqu'à ce qu'il nous fausse compagnie sans jamais donner le moindre signe de vie ailleurs, cet au-delà qui ne se conjugue qu'au passé.
Mohamed El Baz, amoureux fou de son art qu'il triture à volonté et de ses enfants pour lesquels il construit une belle demeure à Tahanaout, à proximité de Marrakech où il élit domicile depuis quelque temps, laisse derrière lui un héritage inestimable, celui qui se déverse d'un cœur grand comme ça.


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