La volonté du gouvernement d'ouvrir une page apaisée dans ses relations avec le Maroc, n'a pas laissé de marbre le Polisario. Le Front a réagi à cette nouvelle par annoncer l'organisation de la prochaine «Conférence européenne de solidarité et de soutien au peuple sahraoui (EUCOCO)» en Allemagne. Officiellement, l'Algérie et le Polisario n'ont pas encore émis de commentaires au soutien apporté par le nouveau gouvernement allemand d'Olaf Scholz au plan d'autonomie marocain au Sahara occidental. Néanmoins, les deux parties ont choisi de réagir autrement, et ce, par l'annonce de l'organisation de la 46e édition de la «Conférence européenne de solidarité et de soutien au peuple sahraoui (EUCOCO)» en Allemagne. Une première. Cette annonce est faite, d'ailleurs, par le «premier ministre» du Polisario, Bouchaya Bayoun. La tenue de l'événement «dans ce pays porte une signification profonde en ce sens qu'il s'agit d'un Etat fort au sein de l'Union européenne qui aura son mot à dire sur la cause sahraouie», a-t-il expliqué dans une déclaration à l'agence algérienne de presse APS. Le responsable s'est dit convaincu que «les nations qui orbitent autour de l'Allemagne suivraient son approche, d'autant que l'Allemagne a son poids au sein de l'UE, et son adhésion, subséquemment, à la Conférence à caractère international est très importante». Le Polisario soutenu notamment par le parti de la cheffe de la diplomatie Traditionnellement, les réunions l'EUCOCO sont organisées en Espagne et dans une moindre mesure en France ou en Portugal. Les Iles Canaries ont, d'ailleurs, accueilli, les 10 et 11 décembre, la dernière édition de la «Conférence européenne de solidarité et de soutien au peuple sahraoui», marquée par une forte présence de représentants de l'Algérie. En Allemagne, le Polisario bénéficie du soutien de parlementaires du parti Die Linke (gauche) et l'Alliance 90/Les Verts. Les deux groupes avaient présenté, en mars 2021, des propositions de loi appelant à «l'application du droit international au Sahara occupé par le Maroc», la tenue d'un «référendum» au Sahara occidental» et à la condamnation de la «détérioration de la situation des droits humains», dans la province. Deux initiatives, pour rappel, rejetées par la Commission des Affaires étrangères du Parlement allemand (Bundestag). Il est lieu de préciser que la nouvelle ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, et également présidente de l'Alliance 90/Les Verts. C'est, d'ailleurs, en sa qualité de cheffe de diplomatie du gouvernement d'Olaf Scholz qu'elle a apposé sa signature au communiqué du 13 décembre consacré à ouvrir une nouvelle page dans les relations avec le Maroc. A Berlin, le mouvement de Brahim Ghali compte également sur l'antenne locale de la Western Sahara Resource Watch (WSRH), qui accentue sa pression sur les groupes industriels allemands ayant des investissements au Sahara, tels que Continental et Siemens, pour qu'ils quittent le territoire. Dans son communiqué du 13 décembre, le nouvel exécutif allemand s'est prononcé pour une solution «politique juste, durable et mutuellement acceptable sur la base de la résolution 2602 (adoptée le 29 octobre 2021 par le Conseil de sécurité, ndlr)» au Sahara. Et de rappeler que «le Maroc a apporté une contribution importante en 2007 avec son plan d'autonomie» pour le règlement de cette question.