Une enquête publiée récemment sur le journal néerlandais De Volkskrant a pointé du doigt le rôle-clé dont l'ambassade des Pays-Bas au Maroc aurait préféré se décharger, dans le cadre du procès du journaliste Omar Radi, condamné en première instance à six ans de prison notamment pour espionnage au profit de la représentation diplomatique. Polémique aux Pays-Bas suite à la publication des révélations du journal De Volkskrant au sujet du procès du journaliste Omar Radi, accusé d'avoir espionné le Maroc au profit de l'ambassade néerlandaise. Selon les auteurs de l'article, le long silence de la partie néerlandaise, sa sortie bien après le rendu du verdict et le temps mis pour répondre à l'une des correspondances des parents de Radi interpellent. Pour De Volkskrant, «la Haye aurait pu prouver son innocence, mais ne l'a pas fait». Au cours du procès, la justice marocaine a reproché à Omar Radi d'avoir fourni des informations sur le Hirak dans le Rif, éléments que les Pays-Bas auraient utilisé contre le Maroc, dans un contexte de froid diplomatique entre les deux Etats. Tout au long du déroulement des audiences, «des parlementaires néerlandais ont posé des questions au ministère des Affaires étrangères et les parents de Radi ont supplié l'ambassadeur des Pays-Bas à Rabat de s'exprimer. Pourtant, il est resté silencieux», révèle le média. La même source rappelle que ce n'est qu'après la condamnation d'Omar Radi que les Pays-Bas ont officiellement rejeté les allégations d'espionnage, par le biais de Ben Knapen, ministre néerlandais des Affaires étrangères depuis septembre 2021. Pourtant et bien avant le verdict, Miloud Kandil, avocat de la défense, a souhaité faire témoigner d'anciens membres de l'équipe de l'ambassade, pointés du doigt pour avoir obtenu des informations du journaliste marocain. Mais la loi n'autorisant pas la défense à contacter directement les autorités néerlandaises pour une déclaration à décharge, l'action est restée au point mort. C'est alors que Driss Radi, à qui cette mesure ne s'applique pas, écrit à l'ambassade des Pays-Bas au Maroc. S'adressant directement à l'ambassadeur Jeroen Roodenburg le 11 juillet 2021, le père du journaliste cherche à s'informer sur Arnaud Simons, ancien fonctionnaire au sein de la représentation diplomatique, nommé expressément par le ministère public dans ses chefs d'accusation. Huit jours plus tard, les parents n'ont pas de réponse et Omar est reconnu coupable d'espionnage, parallèlement au viol sur l'une de ses anciennes collègues au sein du site d'information Le Desk. Les Pays-Bas en mode «dammage control» Dès janvier dernier, Arnaud Simons a pour sa part choisi de rendre public les éléments prouvant son identité à travers une lettre ouverte, tout en rejetant avoir recueilli des informations auprès du journaliste. Lors du Hirak du Rif en 2016 et 2017, le concerné avait déjà quitté le pays, mais la justice a estimé que Radi aurait tout de même fourni des informations à l'ambassade. Pour le parquet, le journaliste devait prouver que ses contacts avec la représentation ainsi que son déplacement dans le Rif entraient bien dans le cadre de son activité journalistique professionnelle. Par ailleurs, De Volkskrant a révélé que contrairement aux déclarations devant la Chambre des représentants néerlandaise en juillet, l'ambassade des Pays-Bas n'aurait pas assisté aux 11 audiences du procès d'Omar Radi. Les auteurs ont déduit que dans le cas échéant, elle aurait pris connaissance des soupçons d'espionnage et réagi dessus avant le rendu du verdict. Le 22 novembre dernier, Driss Radi obtient finalement une réponse de l'ambassadeur, qui «s'excuse pour le long retard» et invoque «la législation sur la confidentialité» l'empêchant de donner des informations sur d'anciens employés.