C'est une véritable déception pour une centaine de jeunes de banlieues qui voulaient profiter du fonds d'aide qatari de 50 millions d'euros pour lancer leur projet. Le gouvernement socialiste a décidé de dédier cet argent promis par le Qatar aux petites et moyennes entreprises de toute la France. L'Aneld crie au vol. C'est le Parisien qui a révélé l'information le week-end dernier dans son édition du 23 juin. D'après les informations du journal, le fonds d'aide de 50 millions d'euros dédié aux porteurs de projets des banlieues françaises ne leur reviendra pas (cf notre article). Il sera reversé, à la place, aux petites et moyennes entreprises sur tout le territoire français. Un dossier suivi de près par Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif. «Les PME seront retenues sur des critères économiques, il ne s'agit en aucun cas d'un fonds communautaire.» a déclaré l'ambassade du Qatar à Paris précisant que des projets provenant de banlieues seront encouragés. La création de ce fonds avait été vivement critiqué par certains politiciens notamment Marine Le Pen, présidente du Front National qui voyait dans cette aide une manière de "développer le fondamentalisme" dans les banlieues françaises. L'ambassadeur du Qatar à Paris a également ajouté que l'argent était prêt et qu'il n'attendait à ce jour qu'un feu vert des autorités françaises dans les prochaines semaines pour lui verser l'argent. Pétition à Hollande Cette annonce a eu l'effet d'une bombe auprès de l'Association nationale des élus locaux pour la diversité (Aneld) qui a qualifié ce changement soudain de «hold-up» et de «détournement de fonds par le gouvernement». D'ailleurs, l'Aneld a lancé une pétition sur le net adressée au Président de la République François Hollande pour lui faire part de son indignation mais aussi pour lui demander d'intervenir afin que cet argent soit versé en priorité aux habitants des banlieues. «Ce Fonds avait et continue de susciter beaucoup d'espoir auprès des talents et des créateurs d'entreprises dans nos quartiers populaires de France. Ils n'arrivaient plus à trouver des crédits ou autres financements auprès des banques pour développer leurs projets et créer des emplois.» écrit l'Aneld dans la pétition. «Au regard du taux de chômage et des difficultés dans nos quartiers, ce fonds apportait une vraie bouffée d'oxygène. Certain ont même engagé des dépenses pour effectuer leur business plan et montrer leur volonté de défendre un projet crédible et efficace. (…) Cette annonce est inacceptable au regard des attentes de tous ceux qui ont déposé un projet et attendent avec impatience le lancement de ce Fonds.», ajoute-t-elle. Pression des autorités françaises L'Aneld a reçu au total une centaine de dossiers de candidatures de jeunes de banlieues qui souhaitaient lancer leur projet et profiter de ce fonds, confie à Yabiladi Wahiba Zedouti, conseillère municipale d'origine marocaine à Saint Ouen dans le 93 et membre de l'Aneld. Elle a fait partie de la délégation de ces élus de banlieue qui sont allés en novembre dernier rencontrer l'émir du Qatar pour lui proposer de créer un fonds spécialement destiné aux jeunes des banlieues, une idée qui avait séduite l'émir lequel avait donné un accord de principe à ce projet. Pour elle, ce changement de distribuer les 50 millions d'euros aux TPR françaises est une véritable trahison de la part du gouvernement français. «Je pense qu'il y a eu des pressions de la part des autorités françaises pour que cet argent ne soit plus dédié aux jeunes des banlieues et qu'il aille grossir les poches du ministère du Redressement productif.», s'exclame-t-elle. «Ce n'était pas pour faire un voyage au soleil qu'on est allé au Qatar en novembre dernier. On a fait appel à aucun parti politique pour nous accompagner et aucun ne nous a proposé de venir avec nous. Aujourd'hui, les socialistes qui promettaient de moraliser la politique viennent nous voler le fruit et les bénéfices de notre travail destiné aux jeunes des banlieues. C'est déplorable !» lâche Wahiba Zedouti. Aujourd'hui, l'Aneld demande à être reçu par le président François Hollande pour défendre les intérêts des porteurs de projets issus des banlieues mais également pour jouer un rôle dans la sélection des dossiers.