Le gouvernement Akhannouch, qui sera constitué dans les prochains jours, trouvera en face une opposition clairsemée qui occupera, à contrecœur, les bancs qui lui sont réservés à la la Chambre des représentants. La composition du gouvernement Akhannouch est connue. Le tour de table est formé du RNI, PAM et Istiqlal. Les trois partis ont 269 députés à la Chambre des représentants, soit une majorité confortable pour mener à bien leur feuille de route. Mathématiquement, le reste des sièges échoit à l'opposition, plurielle et profondément divisée entre deux blocs. Le premier est formé par le PJD (13 députés), PSU (1) et l'Alliance de la Fédération de gauche (1), et dans une moindre mesure le PPS (22). Malgré les écarts idéologiques et la guerre des égos entre ses têtes d'affiche, ces partis ont déclaré leurs dispositions à assumer le rôle d'opposants. Le PJD et le PSU ont même décliné l'invitation d'Aziz Akhannouch à prendre part au premier round des consultations pour la formation de son cabinet. Les autres ont répondu présents et pris des photos avec le chef du gouvernement désigné avant de saisir l'occasion pour médiatiser certaines de leurs revendications. C'est le cas de l'AFG qui a demandé la libération des détenus du Hirak et des prisonniers d'opinion. Le deuxième bloc est composé de l'USFP (35 sièges), MP (28), UC (18), MDS (5) et FFD (Front des Forces Démocratiques, 3 sièges). Des formations qui ont choisi l'opposition à contrecœur et ce, malgré les nombreux appels en direction d'Aziz Akhannouch en vue de les intégrer dans sa majorité. L'opposition peut-elle assumer son rôle, conformément à la constitution ? «Pour les Marocains, l'opposition a une portée historique et symbolique. L'USFP, le PPS et l'Istiqlal ont parfaitement joué ce rôle durant certaines phases de l'Histoire du pays. Néanmoins, actuellement, le statut d'opposant ne séduit plus. Tous veulent faire partie de la majorité gouvernementale», observe dans des déclarations à Yabiladi Ahmed El Jazouli, le directeur exécutif du Centre TALM pour les études et les recherches. Le responsable diagnostique une «incapacité» de l'opposition à remplir sa fonction constitutionnelle. «Le PJD est sorti très affaibli des élections du 8 septembre. Et il en est de même pour l'USFP, dont la direction n'a pu arracher une place au gouvernement Akhannouch, malgré ses 34 sièges, ce qui représente un échec pour elle», ajoute-t-il. Même son de cloche auprès de l'universitaire Driss Kissouri. «Après sa débâcle aux élection, le PJD est ébranlé psychiquement. Les islamistes ne sont pas capables de jouer les opposants. Personne ne va les prendre au sérieux. Quant aux autres partis, ils ne devront pas constituer une menace pour l'exécutif», affirme-t-il. Celui-ci déplore que «ces partis aient une mauvaise perception de l'opposition même si la Constitution du 1er juillet 2011 leur a accordée une place respectable». «D'ailleurs, la présidence de la commission de la législation est attribuée à une formation qui n'est pas de la majorité», rappelle-t-il. Pour l'universitaire, «cette incapacité va se manifester pendant les travaux des commissions parlementaires lors de l'examen de projets de lois présentés par l'exécutif», avec des partis «contraints à l'opposition qui ne pourront pas proposer des amendements».