La majorité est proclamée : le RNI, l'Istiqlal et le PAM formeront le prochain gouvernement, dans l'objectif de construire une équipe homogène capable de concrétiser le Nouveau Modèle de Développement. Détails. Après des semaines de suspense intense sur les tractations de la formation de la nouvelle majorité, celle-ci est enfin officiellement proclamée. Le prochain gouvernement sera constitué d'une majorité formée de trois partis : ainsi, le Chef du gouvernement désigné Aziz Akhannouch a mis fin aux supputations... Lors d'une conférence de presse tenue mercredi en présence des leaders de l'Istiqlal et du PAM, Nizar Baraka et Abdelatif Ouahbi, le Patron du RNI a annoncé officiellement la composition de la nouvelle coalition gouvernementale. Contrairement aux années passées, le nouvel édifice gouvernemental sera composé de trois blocs partisans seulement, à savoir le RNI, le PAM et l'Istiqlal, qui sont arrivés en tête du podium aux élections législatives du 8 septembre. Ceci est évident après que les Conseils nationaux du PAM et de l'Istiqlal aient approuvé la participation de leurs partis à l'Exécutif. Les istiqlaliens ont été unanimement d'accord pour l'entrée du Parti à l'Exécutif, estimant qu'il est nécessaire de contribuer à la concrétisation du Nouveau Modèle de Développement.
« Il existe une convergence entre les programmes des trois partis de la majorité, qui forment un terrain fertile pour le programme gouvernemental » Aziz Akhannouch Une convergence programmatique Selon Aziz Akhannouch, cette alliance tripartite respecte la volonté populaire et le verdict des urnes, qui ont donné aux trois partis susmentionnés une majorité écrasante. En outre, la convergence des programmes des trois formations est l'une des raisons principales du pacte tripartite. Le nouveau tenant du gouvernail a indiqué que les alliés partagent la même vision et les mêmes priorités sur les plans social et économique. « Cette convergence programmatique est un terrain fertile pour la genèse du programme gouvernemental », a précisé le nouveau dirigeant du gouvernement. Pour sa part, le Secrétaire Général du Parti de l'Istiqlal Nizar Baraka a déclaré que « la nouvelle coalition gouvernementale est l'alternative politique et démocratique, choisie par les urnes, pour conduire la prochaine étape », ajoutant que le nouvel Exécutif doit être cohérent afin qu'il puisse rompre avec les politiques du passé. Idem pour le leader du PAM Abdelatif Ouahbi qui a fait part de sa volonté de contribuer à construire une équipe forte, homogène et capable de travailler sur tous les fronts pour sortir le pays de la crise. Majorité confortable et homogène, Exécutif plus fort En effet, cette annonce intervient quelques heures après le positionnement de l'Union Socialiste des Forces Populaires (USFP) dans l'opposition (voir encadré). Ainsi, le paysage politique s'est éclairci, avec un nouveau quadrillage parfaitement délimité. Les trois partis disposent donc d'une majorité parlementaire confortable grâce aux 270 sièges engrangés lors du scrutin législatif, ce qui serait en mesure d'assurer au prochain gouvernement un soutien décisif au sein de l'Hémicycle. Un gouvernement qui serait, contrairement à son prédécesseur qui fut perclus dans une alliance éparse de 8 partis, homogène et moins émietté, vu le nombre réduit des partis qui le composent. Ainsi, il fallait absolument veiller à reconfigurer la scène politique en établissant un équilibre entre la majorité et l'opposition. D'où l'idée efficace, qui tombe bien, de se limiter à trois partis. Dans son allocution, Aziz Akhannouch a souligné que cet équilibre consiste à veiller à ce que la majorité ne concentre pas toutes les forces politiques au détriment de l'opposition.
« Nous avons changé l'approche, en veillant à constituer la majorité avant de discuter des portefeuilles, car l'important est le respect de la volonté populaire » Nizar Baraka Prochaine étape : former une équipe de compétences
Contrairement à ce qui fut le cas dans les années passées, où les tripatouillages de répartition des portefeuilles ministériels dominaient les négociations inter-partisanes, cette fois-ci, les trois partis de la majorité ont convenu de donner la priorité à la formation de la majorité, laissant pour après les concertations sur les maroquins. « Nous avons changé l'approche, en veillant à constituer la majorité avant de discuter des portefeuilles, car l'important est le respect de la volonté populaire et la création d'un climat de confiance », a expliqué Nizar Baraka, ajoutant que l'essentiel est d'établir un programme commun, en harmonie avec les orientations du Nouveau Modèle de Développement. Cela dit, le SG de l'Istiqlal a déclaré que « Nous avons besoin d'une convergence créative, mobilisatrice de notre intelligence collective qui découle de nos engagements réalistes et de notre volonté commune pour la réforme prenant en compte l'augmentation des attentes populaires légitimes et pressantes pour un avenir meilleur. Le tout en tenant compte des difficultés conjoncturelles et de la réduction des marges de manoeuvre ». Après la proclamation officielle de la nouvelle coalition, il est temps maintenant de songer au casting gouvernemental et à la répartition des portefeuilles ministériels. Les discussions s'enchaîneront, dans les prochains jours, pour aboutir à une liste de noms, qui sera soumise à SM le Roi, selon Aziz Akhannouch, qui s'est engagé à ce qu'elle regorge de compétences.
« Nous avons prouvé au monde que le Maroc est une exception, un pays qui règle ses problèmes par la voix démocratique » Abdelatif Ouahbi
Anass MACHLOUKH
Entretemps...l'opposition ! Avec 35 sièges récoltés aux élections législatives, l'Union Socialiste des Forces Populaires (USFP) était disposée à faire partie de la coalition gouvernementale. Le Conseil national avait en effet fait part de sa volonté d'entrer au gouvernement. Or, après moult tractations avec le RNI, les héritiers d'Abderrahman Youssoufi et d'Abderrahim Bouabid ont décidé de se placer, en fin de compte, dans les rangs de l'opposition, après avoir participé dans le gouvernement de Saâd Dine El Othmani. Cette décision a été prise à l'issue d'une réunion d'urgence du Bureau politique du parti de la Rose, qu'il a annoncée à la presse lors d'une conférence organisée mercredi 22 septembre. Le parti allègue son passage à l'opposition à sa volonté de cohérence politique et à son attachement à ses principes fondateurs. De son côté, le premier Secrétaire du parti, Driss Lachgar, a annoncé qu'il ne briguera pas un troisième mandat à la tête de la formation qu'il dirige depuis 2012. Ainsi l'USFP rejoint les sièges de l'opposition à coté du Mouvement Populaire (MP, 29 sièges), du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS, 21 sièges), de l'Union Constitutionnelle (UC, 18 sièges) et du Parti de la Justice et du Développement (PJD, 13 sièges) et les autres formations politiques qui se partagent le reste des sièges.