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Législatives : Vers une «alternance» politique ou une nouvelle consécration du PJD ?
Publié dans Yabiladi le 02 - 09 - 2021

Comme en 2016, l'issue des législatives du 8 septembre 2021 est incertaine. Il y a cinq ans, les pronostics de médias et de certains analystes politiques donnaient le PAM d'Ilyas El Omari grand vainqueur. Aujourd'hui, les mêmes voix attribuent la première place au RNI d'Aziz Akhannouch.
A une semaine des législatives du 8 septembre, le Maroc a-t-il rendez-vous avec une nouvelle expérience de l'«alternance politique», la troisième de son histoire récente après celle de 1998, voulue par Hassan II et de 2011 opérée dans le sillage du «Printemps arabe», ou bien un triplé consacrant le leadership du PJD sur les autres partis ? «Pour la première fois, les islamistes du PJD abordent une échéance électorale dans le doute», constate, dans des déclarations à Yabiladi, Driss Kissouri, docteur en sciences politiques à l'Université Ben M'Sik à Casablanca.
«Une forte participation et un faible nombre de bulletins nuls, ne devraient pas servir les intérêts du PJD. Le niveau de la mobilisation du Mouvement unicité et réforme est un autre facteur qui déterminera la place qu'occuperont les "frères" de Saad-Eddine El Othmani», analyse notre interlocuteur. Kissouri affirme que les défis auxquels le Maroc fait face actuellement exigent «la solidarité et la coopération entre tous les partis et nécessitent d'oublier les comparaisons inutiles entre technocrate et politique».
«La rupture des relations avec l'Algérie et ses conséquences et la pandémie de la Covid-19 appellent plutôt à un gouvernement d'union nationale. La responsabilité est tellement lourde qu'aucune formation n'est en mesure d'être la seule à l'assumer.»
Driss Kissouri
«La phobie de l'opposition»
«Parler d' "alternance politique" ne peut s'appliquer au cas du Maroc, comme il l'est par exemple aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et dans les autres pays démocratiques. Malheureusement, nous n'avons pas de grands pôles politiques à même de conduire à des alternances», tient à préciser pour sa part Mohamed Zineddine. L'universitaire préfère se concentrer, plutôt, sur la course entre les partis pour remporter la première place du podium à l'issue des législatives du 8 septembre.
«Il y a des mois, nous avons joué la première mi-temps de ce scrutin, avec l'adoption des lois électorales (notamment le quotient électoral et la suppression du seuil). Mercredi prochain, nous entamerons la deuxième mi-temps», explique-t-il. Pour lui, le PJD peut rééditer ses exploits de 2011 et de 2016, mais à condition d'«enregistrer une forte baisse de la participation». «En 2016, il avait remporté 1,6 millions de voix. Il devrait perdre cette année plusieurs milliers de voix, notamment dans les rangs de celles et ceux qui avaient cru il y a cinq ans que le programme du PJD reflétait le changement. En revanche, son traditionnel socle, estimé à 600 ou 700 mille, composé essentiellement de ses militants, va lui rester fidèle», analyse Zineddine.
Ces dernières années, le PJD a en effet perdu des plumes lors des élections partielles ordonnées par la Cour constitutionnelle et durant les dernières élections professionnelles. Mais «malgré ces pertes, le PJD reste la formation la mieux organisée et structurée au Maroc», estime notre interlocuteur, qui rejoint Driss Kissouri sur cet avis.
Zineddine souligne qu'au-delà des résultats du scrutin du 8 septembre, les grands partis au Maroc «ont une phobie de l'opposition». «Le PJD n'en fait pas l'exception. De hauts responsables au sein de cette formation plaident, d'ailleurs, pour une participation au prochain gouvernement, même présidé par un autre parti», affirme le spécialiste.
Face aux ambitions du PJD, se dresse le RNI. Sous la présidence d'Aziz Akhannouch, cette formation a évolué. Tout en continuant de s'appuyer sur les notables, véritable locomotive du parti, ce dernier a initié une ouverture sur les jeunes, les femmes, des catégories professionnelles (médecins, ingénieurs, des composantes de la mouvance amazighe et mêmes sur les artistes). Le parti a d'ailleurs dominé les dernières élections professionnelles. Durant ces cinq années de présidence du RNI, Akhannouch a modifié une certaine image qui collait à la formation, et ce depuis sa création vers la fin des années 1970.
Les deux universitaires s'accordent à dire que l'écart entre le premier parti et ses poursuivants immédiats serait très court. Kissouri met en garde contre «un nouveau blocage pire que celui enregistré en 2016». Le verdict des urnes est attendu dans les premières heures du jeudi 9 septembre.
Article modifié le 2021/09/03 à 08h27


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