La propension du pouvoir algérien à accuser le Maroc de tous les maux que le pays rencontre n'est pas nouvelle. Vieille de plusieurs décennies, seuls changent les circonstances et les chefs d'accusations. En Algérie, l'actuelle campagne de communication, menée tambour battant, contre le Maroc a un air de déjà vu. Durant les années 90, les officiels algériens pointaient du doigt une collusion entre le Royaume et le Groupe Islamique armé (GIA). Mais sans jamais apporter de preuves comme c'est le cas aujourd'hui avec les feux de forêts et le meurtre de Djamal Bensmail et l'appui au Mouvement de détermination de la Kabylie et le Mouvement Rachad. Pour tordre le cou à ses allégations, relayées par la presse du voisin de l'Est, le roi Hassan II avait pris alors la décision de remettre aux Algériens, le chef du GIA, Abdelhak Layada, arrêté au début 1993 par les forces de sécurité déployées à Oujda. L'homme, condamné par contumace à la peine capitale, était activement recherché par les services de son pays. La remise de Layada a été scellée lors d'une réunion, tenue en juin 1993 au Maroc, entre le roi Hassan II et l'ancien ministre algérien de la Défense, Khaled Nezzar. Accuser le Maroc répondait aussi à un agenda Par ce geste, Hassan II apportait ainsi la preuve concrète que son pays n'avait aucune intention de bénéficier du chaos sécuritaire qui prévalait en Algérie suite à la destitution du président Chadli Benjedid, le 11 janvier 1992, et à l'arrêt brutal du processus électoral. Outre la remise de Layada, Rabat avait rejeté durant la même époque la requête d'une délégation du Front islamique du salut (FIS), dissout, qui s'était déplacée au royaume, pour solliciter de l'aide marocaine. Malgré le geste royal, les responsables algériens ont continué à accuser le Maroc d'être une base de soutien logistique aux «groupes terroristes». Une accusation sans fondement alors que la presse européenne commençait à prendre timidement ses distances avec la version du pouvoir, attribuant les atroces crimes commis contre la population civile aux «groupes islamistes», et s'interrogeait sur «qui tue qui» en Algérie. Parfois la propension à accuser le Maroc répondait à d'autres objectifs, à l'instar du début de la présidence d'Abdelaziz Bouteflika. Le massacre de 29 civils algériens dans la région de Béchar par des terroristes présentés comme étant à la solde du Maroc, avait permis de torpiller le processus de dialogue, initié quelques mois auparavant, par le nouveau chef d'Etat et le roi Hassan II et notamment marqué par l'échange de lettres entre les deux hommes. Le dégel, tant souhaité, a été renvoyé sine die. Tirant les leçons de la fin tragique de Mohamed Boudiaf, Bouteflika a fini par comprendre le message et oublié le dialogue avec le royaume. Comme durant des années 90, le Maroc est dans la ligne de mire du pouvoir algérien, avec une accusation bien fournie : Recruter des hakers pour mener des cyberattaques, inonder l'Algérie par la drogue, ternir l'image du pays au Parlement européen, collaborer aves les israéliens pour déstabiliser l'Algérie et finalement déclencher les feux de forêts et ordonner le meurtre du jeune Djamal Bensmail. Un contre-feu pratique pour détourner l'attention sur les responsabilités des dirigeants dans les drames vécus par les Algériens, et créer de la confusion en pleine révoltes populaires.